La première semaine de la COP 26 a vu se multiplier les effets d’annonce mais les nombreuses manifestations dans le monde exigent des actes concrets de la part des gouvernements et du nôtre en particulier. Car des solutions et les moyens existent pour combattre le réchauffement climatique.
Du 1er au 12 novembre, la COP 26 réunie à Glasgow est un point d’étape important, six ans après l’adoption du document de la COP 21 à Paris. Désormais ratifié par la quasi-totalité des nations, en dépit des tentatives de torpillage par Trump et Bolsonaro, le texte adopté en 2015 entendait contenir le réchauffement climatique à +2°C au-dessus des températures moyennes du XIXe siècle. À la demande des pays les plus impactés, le texte suggérait aussi de ne pas dépasser +1,5°C en l’an 2100.
À lire l’étude publiée le 9 août dernier par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), nous n’en prenons pas le chemin. Le +1,5°C de réchauffement global pourrait être atteint dès 2030. Le niveau des océans, après avoir augmenté de 20 centimètres en 120 ans, pourrait monter de 0,50 à 2m d’ici 2100, si les émissions de gaz à effet de serre (GES) font dépasser largement la barre des +2°C à cette date.
Les records de températures enregistrés cet été dans de nombreux pays confirment les inquiétudes formulées par les experts du Giec. À Portland, dans l’Oregon, la température à l’ombre est montée à 46,7°C le 29 juin. Au Canada, la petite ville de Lytton a battu le 30 juin un record de chaleur avec 49,6°C. Dans la province de Sind au Pakistan, les 50°C ont été dépassés à plusieurs reprises. Il en fut de même dans plusieurs pays du Moyen-Orient et l’Europe du sud a aussi connu des pics de chaleur qui favorisent les incendies de forêt. Ainsi, dès la fin du mois de juillet, 400 000 hectares de forêt avaient brûlé aux États-Unis, selon le New-York Times. Il en allait de même en Sibérie, comme dans de nombreux pays du pourtour méditerranéen, le Sud de la France n’étant pas épargné ces dernières semaines.
Réduire les émissions de GES est indispensable partout dans le monde et plus particulièrement dans les pays capitalistes développés. La France émet environ 1% des GES pour un peu moins de 1% de la population mondiale. Mais le bilan carbone de sa consommation est plus élevé, compte tenu des importations de matières premières et de produits transformés. Dans notre pays, le secteur des transports est responsable de 30% des émissions de GES. L’usage de la voiture individuelle, souvent rendu indispensable par la politique d’étalement urbain sans transports collectifs adaptés, ne cesse d’augmenter ce bilan. Qui plus est, les transports de marchandises par la route augmentent aussi au détriment du rail en Europe.
Comme il faut se nourrir, l’agriculture émet environ 20% de nos GES. Mais nous montrons dans ce dossier qu’il est possible de les réduire sensiblement en modifiant les pratiques agronomiques. Viennent ensuite le bâtiment avec 19% et l’industrie avec 18%, le bilan de cette dernière étant faussé par les délocalisations de productions. La production d’énergie n’entre que pour 10% dans notre bilan carbone. On le doit surtout à l’électricité sans CO2 des centrales nucléaires dont la fermeture accélérée décidée en 2012 pour des raisons politiciennes est une aberration.
Pour gagner la course de vitesse contre le réchauffement climatique, la France doit réduire ses émissions de GES et s’adapter, en même temps, aux conséquences du réchauffement global. Il faudra assurer notre souveraineté alimentaire et lutter contre la faim dans le monde, ce qui suppose aussi de préserver nos terres agricoles alors qu’une urbanisation sauvage les ampute de 60 000 hectares par an en moyenne. De même, vouloir produire et consommer des carburants verts, issus des graines de colza, de tournesol, de maïs ou de blé, est de nature à stimuler la spéculation au détriment du prix de nos aliments et d’accentuer la malnutrition des plus pauvres.
Face aux successions de sécheresses, mais aussi de pluies intenses débouchant sur des inondations catastrophiques, la gestion de l’eau devient vitale. Chaque hiver, il faudrait en stocker davantage sur le cours de certaines rivières, notamment dans les vallées étroites et profondes, afin de soutenir le débit en été. Ce sera plus pertinent que d’avoir des cours d’eau à sec à la belle saison, ce qui augmente globalement le taux de mortalité de la faune aquatique. En ville, comme dans les zones pavillonnaires, stocker l’eau de pluie qui tombe sur les toits des bâtiments permet de réduire les risques d’inondations et d’avoir une eau disponible pour l’arrosage des jardins, des pelouses et pour le nettoyage des rues sans utiliser l’eau potable du robinet.
Il restera à voir comment financer ces mesures dans un pays où les salaires nets des patrons ont augmenté de +115% en dix ans, en euros constants, contre +15% en moyenne pour les salariés, tandis que les pensions de retraite perdent du pouvoir d’achat. Nous devons débattre de tous ces sujets en inter-génération.
Gérard Le Puill
Dossier Vie nouvelle
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