Face aux talibans, à la violence et à l’obscurantisme, la Résistance dresse la tête dans les rues de Kaboul et dans plusieurs villes. Les femmes au premier rang de l’action, au risque de leur vie. Vers elles, doit s’exprimer en priorité notre solidarité.
En seulement quelques jours, 20 000 talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan et sont entrés dans Kaboul. Face à eux, une armée de 200 000 hommes super équipés par les États-Unis, une débandade générale avec, en tête des fuyards, une élite corrompue marionnette de Washington. Les forces obscurantistes, après avoir négocié dans les salons dorés des grands hôtels du Qatar avec les émissaires de Trump, puis de Biden, sont de retour.
Plus « présentables », les nouveaux maîtres de Kaboul ? Leur « respectabilité » n’aura duré qu’un temps. Premières cibles, les femmes. Manifestations réprimées dans plusieurs villes de province avec des morts et des blessés, assassinat d’un chanteur célèbre, discrimination dans les écoles et les universités, dans les médias, interdiction des rassemblements dans la capitale… Et un gouvernement composé en grande partie de terroristes connus.
La responsabilité des États-Unis et des Occidentaux est écrasante. Elle ne date pas d’hier. Dans un rapport secret, aujourd’hui déclassé, Zbigniew BrzeziÅ„ski, proche collaborateur de la présidence US, en 1980, avant l’intervention soviétique, préconisait une aide massive en armes, en dollars et en logistique aux talibans, la propagande et les détournements idéologiques étant assurés par des prétendus défenseurs des droits de l’homme comme Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner et quelques autres en France. Objectif : détruire le gouvernement procommuniste de Kaboul et piéger l’Union soviétique dans un enlisement sans fin.
L’Afghanistan est exsangue. Ses forces vives, ses intelligences ont quitté ou tentent de fuir le pays. Un champ de ruines, mais une culture du pavot florissante, un réseau d’écoulement de la drogue assuré et des richesses minières ne laissant pas insensibles des puissances de la région.
Avec comme base arrière le Pakistan et profitant des intérêts géo stratégiques des uns et des autres, les talibans pourraient se maintenir au pouvoir. Sauf si le robinet financier est fermé. Quid de l’argent du Qatar, d’Islamabad, de la banque mondiale… ? On peut s’interroger lorsqu’on apprend que la Western Union, spécialisée dans les transferts d’argent, ferme son agence à La Havane sur ordre de Biden et rouvre celle de Kaboul.
Il faut se souvenir de ce que clamaient à longueur d’antennes et écrivaient sur de pleines pages certains « spécialistes », au lendemain de l’intervention nord-américaine en Afghanistan. Deux exemples.
L’écrivain Philippe Sollers (maoïste reconverti) : « Il y a encore pas mal de travail à faire là-bas, du côté de Kaboul, de Ramallah, de Bagdad. (…) Mais enfin, le Mal sera terrassé, c’est l’évidence même. Je trouve qu’on tarde trop, d’ailleurs. Pourquoi ces atermoiements ? Ces freinages ? Ces pseudo-scrupules ? Ces « onuseries » qui ne trompent personne ? Il faut frapper, encore et encore. Espérons que les Français, toujours un peu à la traîne de la vraie conscience historique, finiront par s’en convaincre et par s’aligner sur la nouvelle religion ». Nouvelle religion !
Ou encore l’ineffable Bernard-Henri Lévy déclarant : « Les Américains ont gagné cette guerre en faisant, au total, quelques centaines, peut-être un millier de victimes civiles… Qui dit mieux ? De combien de guerres de libération, dans le passé, peut-on en dire autant ? »
De véritables visionnaires.
« Durant ces vingt dernières années, écrit Alain Gresh dans Orient XXI, l’Occident a perdu la bataille de la légitimité et du droit. Du bagne de Guantanamo à la prison d’Abou Ghraib, de l’intervention illégale en Irak au trucage des élections en Afghanistan, du soutien au dictateur égyptien au mépris pour les droits des Palestiniens, la pureté des principes proclamés - droit international, droit des peuples à l’autodétermination, défense des droits humains - a été corrompue par la prosaïque réalité du terrain. »
M. Biden et ses amis ont abandonné un pays, un peuple, laissant place nette à la barbarie. Pourtant, des femmes et des hommes sont entrés en résistance. Elles et ils veulent vivre libres. Ils et elles se lèvent malgré les terribles menaces qui pèsent sur leur vie. La résistance risque d’être sanglante comme toute les Résistances. Elle doit pouvoir compter sur chacun d’entre nous.
José Fort
Des monstres ? Vos monstres !
« C’est un fils de pute, mais c’est notre fils de pute », aurait déclaré le président Roosevelt à propos du dictateur nicaraguayen Somoza. Aujourd’hui, les dirigeants nord-américains pourraient reprendre la formule en l’adaptant aux talibans : « Ce sont des monstres, mais ce sont nos monstres ».
Photo Une : capture d'écran France 24
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Nous lui avons demandé de revenir sur les épisodes marquants de cette vie incroyable.