L’enquête que lance l’UCR-CGT pour permettre aux retraités d’exprimer leurs besoins arrive à point nommé. Marquée par deux élections politiques à venir, l’année 2022 le sera aussi par les actions revendicatives des actifs et des retraités.
L’expression « battre le fer tant qu’il est chaud » sera d’actualité en 2022, bien au-delà du métier de forgeron. Entre le succès de la manifestation unitaire des retraités - qui fit monter 25 000 personnes à Paris le 2 décembre - et le nouveau rendez-vous du 24 mars prochain, les militants de l’Union confédérale des retraités CGT ne vont pas chômer. Le 6 janvier à Montreuil, en présence de Philippe Martinez, secrétaire général de la Cgt, Marc Bastide, secrétaire général de l’UCR-CGT, a présenté à la presse le questionnaire* dont s’emparent les militants des USR et des UFR avec l’ambition de consulter individuellement quelque 200 000 retraités sur le thème : « De quoi ai-je besoin pour vitre dignement ? ».
Une carte pétition exigeant un bulletin de pension mensuel en version papier pour chaque retraité est lancée en parallèle. Elle est aussi un outil revendicatif pour aller à la rencontre des retraités.
Logement, énergie, alimentation, fiscalité, santé, loisirs, culture et vie sociale figurent dans le questionnaire dont la mise en place a été précédée d’une étude commandée auprès d’Harris Interactive, portant sur le niveau de vie des retraités. Marc Bastide a rappelé que les pensions de base des retraités du secteur privé n’ont été relevées que de 0,4% en 2021 tandis que les retraites complémentaires n’ont progressé que de 1%, après des années de sous-revalorisation.
Pour l’année 2021, l’Insee fait état d’une inflation moyenne de 2,8 %. Mais ce chiffre minimise les conséquences de la forte augmentation des prix des carburants, du gaz et de l’électricité qui va se poursuivre en 2022. Les prix de l’alimentaire vont aussi augmenter en 2022, alors que le relèvement des pensions de base est de 1,1% seulement en janvier. Ajoutons que les dépenses imputables au logement sont sous-estimées par l’Insee. Selon l’institut, les remboursements d’emprunt des accédants à la propriété sont de l’épargne. Cette méthode de calcul rabaisse du même coup la part du budget que les locataires consacrent au loyer mensuel.
Voilà qui justifie pleinement la revendication de l’UCR-CGT pour une revalorisation des pensions nettes de 300€ pour tous et tout de suite. Lors de cette conférence de presse Cathy Tran-Phung Cau, membre du bureau national de l’UCR-CGT, a précisé que le sondage cité plus haut portait sur la situation financière des retraités dont 50% disent que la vie est de plus en plus difficile du fait des dépenses liées à l’énergie, l’alimentation, la santé et aux assurances. Faut-il s’en étonner quand la Dress indique que les personnes ayant fait valoir leurs droits à la retraite en 2019 ont une pension mensuelle brute moyenne, tous régimes confondus, de 1 503€ (1 145€ pour les femmes et 1 924€ pour les hommes). Du coup, la pension nette moyenne est de 1 393€ par mois et par personne en France. C’est 13,5% du Produit intérieur brut (PIB) du pays pour environ 17 millions de retraités, soit 25% de la population du pays.
Marc Bastide a également rappelé qu’un ménage de retraités sur trois vient en aide à ses enfants et à ses petits-enfants, souvent victimes du chômage et de la précarité. On sait aussi que les retraités font du bénévolat dans beaucoup d’associations caritatives et autres. Consacrer l’activité militante des prochaines semaines à cette consultation individuelle de milliers de retraités dans chaque département permettra de recueillir de précieux témoignages écrits sur le vécu des personnes en retraite. Un bel espace est prévu pour cette expression, en plus des réponses ponctuelles aux questions posées. Cette enquête permettra aux organisations de l’UCR-CGT de mieux intégrer les attentes des retraités dans les revendications qu’il faudra continuer de porter, quel que soit le résultat de l’élection présidentielle d’avril prochain et de celle des députés en juin.
Gérard Le Puill
Questionnaire à renseigner en ligne
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, le 16 décembre 2021, une étude réalisée auprès de 5 000 personnes affiliées au régime général de la CNAV, de la CNRACL, de la SRE de la fonction publique et du régime des cheminots. Elles avaient fait valoir leur droit à la retraite entre juillet 2019 et juin 2020.
61 ans est « l’âge idéal » auquel elles auraient souhaité partir. Toutefois, 40% disent que l’âge idéal de départ est 60 ans. 81% disent vouloir profiter de leur retraite et 68% indiquent qu’elles avaient la volonté de bénéficier d’un taux plein. Chez les personnes parties sans un taux plein, 57% ont fait état de problèmes de santé ou d’un licenciement. L’enquête révèle aussi que « 48% des retraités partis au taux plein et qui auraient pu bénéficier d’une surcote en prolongeant leur activité disent qu’ils ne souhaitaient pas retarder leur départ ».
Les retraités ont perdu 12% de pouvoir d’achat depuis 2013 en raison des sous-revalorisations annuelles des pensions par rapport à l’inflation, mais aussi du 1,83% d’augmentation de la CSG sous Macron. Le système par points que promet l’actuel Président, s’il est réélu en avril, rendrait le calcul de la pension encore plus défavorable que celui effectué sur les 25 meilleures années depuis la réforme Balladur de 1994.
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis