À Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa… il y a dans chaque foyer, chaque rue, le vide de ceux et celles qui sont partis.
Ils n’ont pas fui. La mort dans l’âme et la mort aux trousses, avec moins que l’essentiel, ils et plus encore elles ont pris des routes insécures vers des frontières et des lieux d’accueil inconnus, mais pour l’heure plus sûrs. Quand feront-ils le chemin dans l’autre sens ? Pour y retrouver quoi : leurs proches disparus ou blessés ? leur maison et souvenirs anéantis ? leurs emplois et leurs projets durablement compromis dans leur pays à reconstruire ? C’est cela la guerre ! « Et d’autres se gobergent - Et vivent à leur aise - Malgré la boue de sang »*
À Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa… il y a celles et ceux qui n’ont eu d’autres choix que de rester.
Sous les bombes, dans le noir, sans eau. Ils se sont entassés, des jours et des nuits durant. Là dans les couloirs d’un métro, ici dans l’abri aussi précaire qu’improvisé de ce qu’il reste d’un immeuble éventré par les obus. Hôpitaux et même maternités n’y sont plus synonymes de sécurité, de soins, de vie. Pour combien de temps encore sont-ils là ? Au prix de combien de morts ?
À Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa… il y a dans chaque quartier, celles et ceux qui sont restés ou revenus dans leur pays pour combattre ce qu’il faut bien appeler l’envahisseur, pour qu’il ne puisse devenir l’occupant. Ils et elles déploient tout le courage et l’ingéniosité qui caractérise les populations mises en situation d’une Résistance qui désarçonne les objectifs de l’ennemi.
Sur les routes qui mènent à Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa…. il y a aussi, dans les troupes envahisseuses, quelques conscrits à qui l’on a menti sur la mission qui était la leur. Ils alertent, en pleurs, les leurs qui, la-bàs, en Russie, prendront le relais pour témoigner et obtenir le retour du fils, du frère, de l’époux…
À Moscou, Saint-Pétersbourg, Novossibirsk… il y a celles et ceux qui ont osé, comme une impérieuse évidence, descendre dans la rue.
À quelques-uns d’abord, plus nombreux au fil des jours, pour dire, à leurs « cousins » de cette Ukraine toute proche, que cette guerre est injustifiée, insoutenable, inadmissible. Ils sont jeunes, étudiants, hommes et femmes de culture, sportifs, musiciens ou danseurs de renom, journalistes et même quelques « personnalités » qui, par chaque moyen à leur portée, expriment courageusement autant qu’ils le peuvent leur désapprobation la plus totale à cette guerre. Ils risquent, désormais, la prison, ou ils y sont déjà. Elles et eux sont pourtant, pour le présent et pour l’Histoire, l’honneur de leur pays.
Il y a aussi la géopolitique de cette guerre et les déséquilibres aggravés qui en ressortiront pour nourrir d’autres guerres, s’il n’y est pas mis un terme : les immenses profits et fortune des « grands » et des oligarques de tout poil ne seront que momentanément égratignés, alors qu’à l’autre extrême les peuples en subiront durablement les graves et profondes conséquences économiques, sociales et culturelles. « S’il faut verser le sang - Allez verser le vôtre - Messieurs qu’on nomme Grands »*
À Kiev, Kharkiv ou Marioupol, à Odessa comme à Moscou, Saint-Pétersbourg ou Novossibirsk, partout, en France, en Europe et dans le monde : « Foutez-nous La Paix ! », « Justice Sociale ! », « Liberté ! »
Ce doit être, entre nous, un même et solidaire combat !
Pierre Corneloup
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis