Alors que les prix vont augmenter de 7 %, voire plus, sur un an, la revalorisation de 4 % des pensions de base, promise par le gouvernement, se traduirait encore par un important recul du pouvoir d’achat des retraités. De plus, les cogérants de l’Agirc-Arrco veulent attendre novembre pour une éventuelle revalorisation des retraites complémentaires.
N’oublions pas que le Président Macron a été réélu pour un second mandat en avril parce qu’il se trouvait face à Marine Le Pen au second tour, comme en 2017. Privé de majorité parlementaire en juin, il envisage de collaborer avec les députés du Rassemblement national (RN). Le 29 juin, les parlementaires qui le soutiennent ont voté majoritairement pour élire deux députés RN aux postes de vice-présidents de l’Assemblée nationale.
Les attentes étant fortes concernant les salariés comme les retraités, le gouvernement dirigé par Élisabeth Borne laisse entendre qu’il prendra rapidement des mesures en faveur du pouvoir d’achat. Il est question d’augmenter de 4 % les pensions de retraite payées par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), cet été. Mais, sur un an, la hausse moyenne des prix mesurée par l’Insee devrait atteindre 7 %, dès le mois de septembre 2022. Alors que leur apport est proche de 50 % de la pension mensuelle en moyenne, on nous annonce que les complémentaires de l’Agirc-Arrco ne bougeront pas avant novembre et aucune information n’a filtré sur le niveau de la revalorisation (voir encadré).
Du coup, la revalorisation des pensions de base de 4 % ne stoppera pas le recul du pouvoir d’achat des retraités et surtout des retraitées. Car, si la pension nette moyenne atteignait 1 341 € par mois pour les 17 millions de retraités que compte le pays, celle des femmes n’était que de 1 145€ en moyenne. Comme elles sont plus nombreuses que les hommes après 60 ans, elles subissent une double peine en cette période de hausse des prix.
Il faut aussi savoir que, plus le revenu mensuel d’un ménage est bas, plus ses dépenses contraintes par le prix des carburants, du gaz, de l’électricité, de l’eau, du loyer, quand on est locataire, augmentent au fil des mois. Elles ne sont pas correctement prises en compte dans les calculs de l’Insee pour mesurer l’inflation. L’Institut considère que le remboursement d’un emprunt d’accession à la propriété est de l’épargne. Du coup, les propriétaires et les accédants, majoritaires dans le pays, sont considérés par l’Insee comme des ménages qui ne dépensent rien pour se loger.
Pourtant un « focus » de l’Insee, datant de septembre 2020, indique que les ménages modestes, locataires, accédants et propriétaires confondus, consacraient à cette date 29,3 % de leurs dépenses mensuelles au logement, à quoi s’ajoutaient 17,2 % pour l’alimentation, 11,4 % pour les transports et 11,1 % pour différents services dont les assurances, soit un total de 69 % pour ces quatre postes. En juin 2022, le prix du fioul a augmenté de 84 % sur un an et plus de 3 millions de foyers, dont beaucoup de retraités, se chauffent au fioul dans notre pays. Toujours en juin, plusieurs journaux ont relevé que, si le taux d’inflation moyen subi par les ménages était de 4,9 % sur un an, il était déjà de 5,9 % pour les personnes de plus de 75 ans, lesquelles sont plus nombreuses à vivre seules que dans la moyenne des ménages.
La poursuite de la guerre en Ukraine favorise une spéculation durable sur les produits énergétiques et l’alimentation. En France, la tonne de blé rendue au port du Havre pour l’exportation cotait 374 € le 21 juin de cette année, contre 200 € un an plus tôt. À 325 € la tonne contre 160 € deux ans plus tôt, le prix du maïs suivait la même tendance. Voilà qui est de nature à renchérir durablement le prix de revient de chaque kilo de viande de porc et de volaille, comme celui de chaque douzaine d’œufs. De semaine en semaine, les prix alimentaires augmentent dans les grandes surfaces, en dépit de quelques promotions qui sont faites désormais davantage sur le vin rosé et les vêtements d’été que sur le steak haché ou le rôti de porc.
Voilà aussi pourquoi les revendications de l’Union confédérale des retraités CGT sur la revalorisation des pensions sont plus actuelles que jamais.
Gérard Le Puill
Malgré la somme fabuleuse dont disposent l’Agirc-Arrco comme « réserves », aucune révision des pensions n’est envisagée avant le 1er novembre. Pour justifier cette longue attente, Le Figaro du 21 juin citait les propos tenus par deux membres du conseil d’administration. Au nom du Medef, Didier Weckner déclarait que « le paritarisme n’est pas soumis à la pression politique permanente. Nous verrons en octobre quel est le niveau d’inflation et d’évolution des salaires ». Brigitte Pisa, déclarait au nom de la CFDT : « On ne colle pas à ce qui fait l’État court-termiste. On distribuera en fonction des chiffres et non de promesses électorales ».
Le même journal citait Michel Beaugas de FO. Ce dernier rappelait que le régime des complémentaires a reconstitué ses réserves à 68 milliards d’euros, soit 9 mois de prestations au lieu des 6 obligatoires. Puis il ajoutait : « nous sommes là pour verser des retraites, pas pour gérer des réserves ». Cité par le même journal Pierre Roger, de la CFE-CGC, déclarait : « il faut modifier nos accords. La règle est inadaptée. Avec une inflation à 5%, impensable de ne pas faire un geste. Alors que les réserves augmentent, il est inconcevable de dire aux retraités qu’on baisse leur pouvoir d’achat. Le paritarisme est en train de se suicider ».
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