Partis en vacances ou pas, actifs ou retraités, cet été, les Français ont surtout vu les prix augmenter et le pouvoir d’achat diminuer. Sur douze mois, entre juillet 2021 et juin 2022, la hausse des prix atteint 5,8% selon l’Insee. Elle devrait atteindre 8 % en fin d’année. En juin, dans la grande distribution, l’augmentation des « produits de grande consommation » était de 5 % sur 12 mois, mais de 7,2 % pour la viande.
En face, la revalorisation de 4 % des retraites de base en juillet, en plus du 1,1 % de février, ne préservera pas le pouvoir d’achat. Ces 4 % ne concernent guère que la moitié de la pension perçue. Les complémentaires Agirc-Arrco sont revues en novembre de 5 %. On ne peut pas accepter un tel recul du pouvoir d’achat des retraités, lesquels ont perdu l’équivalent d’un mois de pension sur douze en une dizaine d’années.
Concernant la rémunération du Livret A, Bruno Le Maire annonçait en juillet qu’elle passerait à 2 % en août. Précisons à ce propos que le gouvernement en avait fait tomber le taux à 0,50 % en avril 2018 et le relèvement à 1% ne date que de février dernier. À s’en tenir à la proposition du ministre des Finances, la rémunération de cette épargne ne couvrira que le quart de l’inflation cette année.
Le 14 juillet, soit deux semaines après la mise en place du second gouvernement dirigé par Élisabeth Borne, le président Macron promettait encore plus d’austérité aux Français, lors d’un entretien accordé à TF1 et à France2. Selon lui, nous serions entrés dans « une économie de guerre », ce qui « nécessite d’augmenter le budget militaire en priorité ». Car la France et l’Europe mettent en place « un scénario dans lequel on se prive du gaz russe », a-t-il précisé.
Concernant l’emploi, les salaires et les retraites, ses propos ont été particulièrement préoccupants. Après avoir affirmé qu’il ne regrettait pas d’avoir dit, en 2018, à un jeune titulaire d’un CAP de paysagiste qu’il suffisait de « traverser la rue pour trouver du travail dans la restauration », il a ajouté : « il n’y a pas un endroit, aujourd’hui en France, où on ne me dise pas j’ai besoin de main-d’œuvre. On doit réussir à produire et ouvrir tout ce qui peut être ouvert ». Il a aussi suggéré qu’il convenait de réduire les droits des privés d’emploi afin de les obliger à prendre des postes sous-payés et qu’ils ne puissent se dire : « je vais bénéficier de la solidarité nationale pour pouvoir réfléchir à la vie ».
Durant la pandémie de Covid-19, alors que les restaurants ont connu des périodes de fermeture, des hommes et des femmes qui y travaillaient dans des conditions difficiles ont cherché et trouvé un emploi, plus intéressant et mieux rémunéré, dans d’autres secteurs de l’économie. C’est surtout cela qui explique les difficultés que rencontrent désormais certains employeurs pour recruter du personnel. Le président Macron nie ces réalités quand il soutient l’idée que l’emploi, la rémunération et les conditions de travail ne doivent dépendre que de la loi de l’offre et de la demande. Voilà pourquoi il continue de défendre le sous-statut esclavagiste d’autoentrepreneur mis en place par Uber, quand il était ministre de l’Économie, tandis que cette société américaine a participé au financement de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2017.
Les retraités, comme les salariés de ce pays, ont donc de bonnes raisons de se mobiliser cet automne pour défendre une politique économique et sociale qui leur donne une juste part.
Extrait du dossier n°231 Vie nouvelle
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis