Trois jours avant la fin la clôture de la Cop27, 1 000 scientifiques ont affirmé que limiter le réchauffement global à +1,5°C est désormais hors de portée. C’était pourtant l’objectif retenu et mis en exergue depuis la Cop21 à Paris en 2015.
Au moment où se terminait la Cop27 à Charm el-Cheik, en Égypte, la planète venait de franchir le cap des 8 milliards d’habitants. Elle compte 8 fois plus de bouches à nourrir qu’au début du XIXe siècle. Depuis, la consommation d’énergies fossiles très émettrices de CO2 n’a cessé de croître. Le comité de rédaction de Vie nouvelle, a décidé, le 5 octobre, de consacrer le dossier du présent numéro aux enjeux climatiques. Les retraités que nous sommes ne subiront pas les pires conséquences du réchauffement de la planète. Mais elles seront de plus en plus difficiles à supporter pour nos enfants et nos petits-enfants, au fil des prochaines décennies.
Ce dossier a été rédigé avant la tenue de la Cop27. Le présent article a été rendu trois jours avant la fin de la conférence. Nous avons fait ce travail avec la volonté de mettre en exergue les mesures qu’il conviendrait de prendre pour ne pas dépasser le chiffre de +2°C de température moyenne en 2100 par rapport à celle du XIXe siècle.
Dans son discours d’ouverture de la Cop27, prononcé le 7 novembre à Charm el-Cheikh, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a fort bien résumé les enjeux de cette Cop par ces quelques mots : « Le monde est embarqué sur une autoroute vers l’enfer climatique avec un pied sur l’accélérateur. L’humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit un pacte de solidarité climatique, soit un pacte de suicide collectif. La bonne nouvelle est que nous savons ce qu’il faut faire et que nous disposons des outils financiers et techniques pour y parvenir ».
Le même jour, devant la même assemblée, afin, disait-il, de mettre fin à des « injustices devenues insoutenables », le président Macron s’est prononcé pour « un choc des financements concessionnels et une recomposition profonde de nos mécanismes de solidarité ». Rentré à Paris, il s’est rendu devant les patrons des 50 entreprises qui polluent le plus sur le territoire national.
Patrick Pouyanné, PDG de TotalÉnergies - dont le salaire a augmenté de 52 % cette année pour atteindre 500 000 € par mois - était au premier rang de l’auditoire. Dans un premier temps, Emmanuel Macron a annoncé que l’État verserait 5 milliards d’euros d’aides à ces patrons en leur promettant de poursuivre la même politique que celle menée depuis 2017 par ces mots : « Il serait quand même paradoxal de venir ici vous expliquer que la solution pour le climat, ce serait de faire l’inverse de ce qu’on a fait en matière économique ou industrielle durant les dernières années. Je crois à une cohérence, il faut simplement la tenir ».
Cette somme étant acquise pour 50 entreprises polluantes, le président Macron leur a promis de doubler la mise, d’ici 18 mois, en ces termes : « si vous doublez vos efforts, nous passerons l’enveloppe de 5 milliards à 10 milliards d’euros d’accompagnement ».
Ces paroles du président de la République justifient les analyses critiques que nous produisons dans notre dossier. Nous montrons que la conversion accélérée à la voiture électrique, décidée au niveau européen, sans chercher à réduire la circulation sur route, est une impasse. À Bruxelles comme à Paris, on ne se pose pas la question de savoir quels seront les volumes et les prix du cuivre et d’autres métaux rares pour produire ces centaines de millions de véhicules.
De même, alors qu’il est urgent de relocaliser la production agricole pour réduire la distance entre la fourche et la fourchette, l’Europe continue de ruiner ses paysans en multipliant les accords de libre-échange avec des pays comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et ceux du Marché commun du Sud (Mercosur).
En 2022, les prix des aliments n’ont cessé de grimper à la faveur de la spéculation sur les prix des énergies fossiles depuis le début de la guerre en Ukraine. Voilà qui montre aussi comment le capitalisme mondialisé tente de rendre plus difficiles nos fins de mois, sans vraiment lutter contre la fin du monde, laquelle est imputable à son fonctionnement.
Gérard Le Puill
Le fabriquant de sodas, un des plus grands pollueurs de la planète, finance la plus grande conférence environnementale du monde.
Coca-Cola, championne du monde de la pollution plastique, avec 120 milliards de bouteilles produites par an, s’achète un éco-blanchiement en finançant une partie de l'organisation de la Cop27. Elle n'est pas seule à faire figure d'écologiste grand teint. Egyptair, Siemens Energy, Microsoft, Google, IBM, tous financeurs et pollueurs à des degrés divers, se procurent une respectabilité internationale qui peut faire illusion. Garants des intérêts de leurs groupes ou entreprises, ils exercent une fonction de lobbying en toute liberté pour peser sur les décisions internationales à prendre face au changement climatique. Nous sommes loin du principe « pollueur-payeur ». Ils préfèrent financer un greewashing** plutôt que de repenser leur processus de production pour un développement durable.
Yolande Bachelier
* Cop27 : 27e conférence rassemblant les États signataires de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique.
** Greenwashing : méthode de marketing d’entreprise utilisant l'argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image.
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis