Plus on malmène les droits des travailleurs au nom de la lutte pour l’emploi, plus le chômage augmente en France. C’est la spirale infernale. Quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays tant la politique de Hollande ressemble à celle de Sarkozy.
Oui, le monde va mal et dans ce monde-là, la France ne va pas mieux. Nous savons depuis octobre 2015 que nos retraites ont augmenté de 0,1 %. Cela se traduit par zéro au moment du versement, après 30 mois de blocage des pensions. Nous avons appris au lendemain du second tour des élections régionales que le Smic augmenterait de 0,6 % en janvier 2016. Ce qui donne 6 euros de plus par mois pour un salaire net mensuel de 1 143 € quand on travaille à plein temps.
Nous avons appris en lisant les journaux que le nombre de salariés intérimaires a progressé de 9,6 % entre octobre 2014 et octobre 2015. En France, aujourd’hui, 49,9 % des intérimaires travaillent dans l’industrie. 41,4 % des ouvriers non qualifiés de cette même industrie sont des intérimaires et le chiffre est de 34,2 % pour les ouvriers qualifiés. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « les contrats de moins d’un mois (CDD ou intérim) qui représentaient 45 % des embauches au début des années 2000, en constituent aujourd’hui 70 % ».
Cette précarisation dans l’embauche n’a pas empêché le chômage d’augmenter de plus de 500 000 personnes depuis que François Hollande est devenu président de la République. Et ce n’est pas le plan de « formation des chômeurs » annoncé par Valls au lendemain du second tour des régionales qui va permettre de créer des emplois dans un pays où la masse des consommateurs ne cesse de perdre du pouvoir d’achat. Plus les années passent, plus l’emploi devient précaire et mal payé.
Quand tant de travailleurs surexploités ont besoin de trouver un logement ou d’obtenir un crédit bancaire, le loueur comme le banquier conditionne son accord à l’existence d’un emploi bénéfi-ciant d’un contrat à durée indéterminée (CDI). Moins il y a de CDI, plus les prêteurs exigent des CDI pour accorder une location ou un crédit. Voilà bien qui montre que « rien de va plus » dans notre société française engagée dans une spirale du déclin par ceux qui nous gouvernent.
Cette précarité qui touche toutes les professions, y compris dans le secteur public, met à mal les caisses de retraites. Un infirmier psychiatrique retraité de la CNRACL confiait récemment que la croissance du personnel intérimaire dans sa profession conduisait à ce que sa caisse de retraite, qui est aussi celle des agents de la fonction publique territoriale, percevait de moins en moins de cotisations ; car les intérimaires dépourvus de statut ne cotisent pas à cette caisse. Ainsi, on réduit par la précarité des hors statut l’alimentation des caisses de retraites des personnels de la fonction publique disposant encore d’un statut. Et on trouvera ensuite des arguments pour s’attaquer aux droits acquis par une nouvelle réforme des retraites.
Dans un tout autre domaine, cette précari¬sation de l’emploi produit aussi des effets pervers. Beaucoup de salariés modestes et moyens ne peuvent plus devenir propriétaires de leur logement. Du coup, l’industrie du bâtiment perd des emplois. Elle embauche alors des travailleurs détachés d’Europe centrale sans parfois les déclarer. Et quand il y a une légère reprise dans la construction, c’est parce que des investisseurs privés bénéficiant de fortes défis-calisations achètent des logements afin de payer moins d’impôts. Et ils imposent ensuite des loyers élevés à nos enfants ou nos petits-enfants.
Décidément, nous devons, à l’UCR-CGT, nous battre sans répit contre de telles injustices.
(Extrait du dossier de Vie Nouvelle consacré à la situation de la France)
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