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La charge haineuse du Point contre les opposants à la loi Travail

A lire Franz-Olivier Giesbert et Pierre-Antoine Delhommais dans Le Point, les millions de gens qui s’opposent au texte que le gouvernement doit adopter jeudi, seraient au mieux des attardés sociaux. Des propos aussi méprisants que méprisables. Jugez-en.

 

La Une du Point s’applique parfaitement à Franz-Olivier Giesbert, nous n’avons pas résisté au plaisir de la détourner. Mais il n’est pas le dernier, d’autres pensent encore que le néo-libéralisme est porteur de solutions au chômage malgré 30 ans de démentis.

La tragédie de la jeunesse ? La faute aux jeunes

Dans son éditorial Giesbert affirme que « la tragédie de la jeunesse, ce sont souvent les jeunes ». Surtout « quand ils se définissent comme une « génération sacrifiée » alors que, dans le même temps, ils font tout pour rester encloués dans le chômage, comme l’a montré leur mobilisation contre la loi El Khomri, qui, dans sa version initiale, leur aurait donnée de l’air et du travail». Ben voyons !

La CGT ? Archaïque

Mais la charge la plus haineuse de l’éditorialiste du Point est pour la CGT et ses millions de militants qui depuis plus de 120 ans ont lutté pied à pied - et ont souvent été sanctionnés par la perte de leur emploi- pour avoir été au premier rang dans la défense l’emploi et les droits sociaux pour tous. Giesbert, une semaine après avoir insulté Philippe Martinez dans un précédent édito, dénonce cette fois « les oukases de la CGT, le syndicat le plus archaïque du monde, qu’il faudrait rebaptiser Confédération contre la généralisation du travail ». Pitoyable.

Le chômage des sans diplôme ? La faute aux jeunes diplômés

Dans la même veine et dans le même journal, Pierre-Antoine Delhommais cible les étudiants en particulier et les Français en général. « Il est assez décourageant de voir tous ces étudiants pseudo-rebelles, en réalité ultraconservateurs, oser, avec une bonne dose d’indécence, prétendre manifester au nom de toute la jeunesse contre une réforme qui vise précisément à aider ceux qui n’ont pas la chance d’aller à l’université de trouver enfin du travail ». Comme s’il suffisait d’aller à l’université pour trouver du travail dans la France d’aujourd’hui.

La loi Travail ? La solution inédite au chômage

Sa haine de classe ne s’arrêtant pas aux étudiants, tous les salariés de France sont visés par ses propos vindicatifs. Qu’on en juge : « Il est enfin et surtout totalement désespérant de lire ces sondages qui indiquent que les Français, tout en plaçant le chômage au premier rang de leurs préoccupations, se montrent aux deux tiers hostiles à une loi qui, pour la première fois, entend s’attaquer vraiment aux causes structurelles de ce chômage de masse qui frappe la France depuis des décennies comme aucun autre grand pays industrialisé » . Voilà pour l’affirmation, sans la moindre argumentation un tant soit peu crédible !

Jean Tirole, Prix Nobel d’économie (libérale) contre le président de l’UNEF

A lire la suite de cet article haineux, on se dit que William Martinet, président de l’UNEF devrait s’entourer de gardes du corps lors de la manifestation du 24 mars. Qu’on en juge : «Il est même carrément effrayant de constater qu’une majorité de Français apporte son soutien aux analyses, très faiblement éclairées du président de l’UNEF , William Martinet , titulaire à 27 ans d’une licence en biologie , porte-parole auto proclamé et auto-satisfait de la jeunesse en colère, mais qu’elle rejette les recommandations du Prix Nobel d’économie Jean Tirole ». Et de recommander au président de l’UNEF la lecture de Jean Tirole et de quelques autres auteurs comme Augustin Landier dont s’inspire Delhommais pour réciter son catéchisme aux lecteurs du Point.

Il y a un malentendu...

Mais ce même Delhommais n’a pas dû lire ce que disait Augustin Landier quand Le Monde du 17 mars dernier lui a posé la question suivante à propos de la réforme du code du travail : «Cette réforme n’était-elle pas destinée à inverser la courbe du chômage?». Réponse de Landier : « Il y a eu un malentendu. La principale vertu de ce texte, ce n’est pas de faire baisser le taux de chômage global à court terme, mais d’augmenter la probabilité pour chacun d’obtenir en un temps raisonnable un emploi stable. Dans le contexte de croissance molle que nous connaissons, cela passe par la réduction des incertitudes des chefs d’entreprise en matière d’embauche. En effet, le taux de chômage en soi n’est pas un bon indicateur de la santé d’une économie. On peut avoir 10% de chômeurs si les gens, si les gens retrouvent un emploi en trois mois, il n’y a pas de sujet grave!».

La vérité de la loi Travail : répartir la pénurie d’emplois

Voilà qui mérite une petite analyse. Landier nous dit que la réforme ne fera pas tomber le taux de chômage sous les 10% mais que les gens retrouveront peut-être du boulot en 90jours suite à un licenciement. Sachant que la durée moyenne de l’inscription d’un chômeur à Pôle emploi est actuellement de 590 jours, le temps que mettrait un travailleur licencié pour retrouver un nouvel emploi serait divisé par sept environ. A supposer que ce soit vrai alors que nous en resterions malgré tout à 10% de chômeurs de l‘aveu même de Landier, il faut en déduire que la loi El Khomri permettrait aussi de multiplier par sept le nombre de licenciements tous les mois.

Donc multiplier les licenciements

On imagine alors comment se ferait le tri sélectif, si les parlementaires votaient cette réforme du code du travail. La moindre baisse d’activité servirait de prétexte pour licencier des groupes de salariés. Les nouvelles embauches seraient ensuite soumise à un tri sélectif comme on trie les déchets qui vont au recyclage et ceux qui vont à la décharge. Les hommes et les femmes de plus de 50 ans usés sur des postes difficiles iraient à la décharge comme de vulgaires ordures. Les jeunes sans diplômes auraient encore autant de mal à trouver du travail dans la mesure les mieux formés seraient embauchés en priorité dans une réserve de travailleurs disponibles égale à 10% de la population active selon le raisonnement d’Augustin Landier.

Ces diatribes n’empêcheront pas un grand 31 mars

Voilà la réalité du projet de loi que Hollande et Valls ont fait porter par Myriam El Khomri en tablant sur son inexpérience afin que l’Elysée et Matignon tirent les ficelles de la manipulation. Mais l’opposition au texte devient massive et intergénérationnelle, d’où ce procès insultant et débordant d'amertume de la rédaction du Point.


Décidément, nous valons mieux que ça! Nous valons mieux que cette presse-là !


Gérard Le Puill*


*Journaliste et auteur, collaborateur de Vie Nouvelle. Ouvrier d’usine de 1965 à 1983, délégué du personnel CGT pendant 16 années consécutives. Licencié pour fermeture d’usine et sans proposition de reclassement pour cause d’activité syndicale

 

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