Pour faire face aux besoins grandissant de nourriture de la population mondiale sans détériorer encore plus notre environnement, des solutions existent.Voici les grandes lignes de ce que devrait être l’agriculture du XXIe siècle, productive et à faible bilan carbone.
Retraités d’aujourd’hui, nous sommes désormais trop âgés pour connaître les conséquences désastreuses du réchauffement climatique sur la vie des peuples d’ici la fin du siècle en cours. Mais nos petits-enfants les subiront. Face au réchauffement climatique, la conférence de Paris a été un engagement verbal, une promesse de lutte dont on se demande encore si les décideurs politiques du monde entier ont pris la mesure. Se pose aussi et surtout la question de savoir comment il sera possible de nourrir 9 milliards d’humains dans le monde d’ici 2050, quand les alternances de sécheresses, de tempêtes et d’inondations perturberont et détruiront la production agricole beaucoup plus souvent qu’aujourd’hui. De par sa géographie et son climat tempéré plutôt favorable à la production agricole, la France dispose, moyennant quelques changements à opérer dès maintenant, de gros atouts pour assurer sa souveraineté alimentaire en promouvant une agriculture durable fondée sur l’agro-écologie.
Il s’agit de la production céréalière, des betteraves sucrières, des graines à huile (colza ou tournesol), des protéines végétales (soja, pois, féverole, lentille, lupin ou luzerne). Pour produire mieux et à moindre coût, il faudra renoncer à labourer les sols. De trop rares agriculteurs le font depuis un quart de siècle. Le non labour et les cultures intermédiaires de végétaux destinés à être broyés, entre un colza et un blé par exemple, permettent d’enrichir les sols en réduisant les apports d’engrais chimiques qui seront de plus en plus chers et de plus en plus rares.
Le non labour favorise aussi la prolifération et le travail des vers de terre qui transforment les résidus de végétaux en matières organiques assimilables par les plantes tandis que leurs galeries favo¬risent la pénétration de l’eau de pluie dans le sol et réduit le ruissellement. Toutes les expériences montrent que les sols gagnent en fertilité après quelques années de non labour. Mais la force des habitudes fait que cette technique progresse trop lentement.
Depuis une cinquantaine d’années, les herbivores ruminants sont de moins en moins nourris à l’herbe et de plus en plus au grain. Cela réduit la charge de travail sur la ferme, mais conduit à utiliser plus de terre pour un même volume de production ; ça coûte de plus en plus cher tout en détériorant la santé des animaux, à commencer par les vaches laitières.
Il faut qu’elles retournent au pré pour brouter des associations de graminées et de légumineuses. Les premières, comme le ray-grass, sont des aliments énergétiques. Les secondes sont souvent des variétés de trèfle et de luzerne riches en protéines et qui, de surcroît, captent l’azote de l’air pour le transformer en engrais azoté naturel, gratuit et sans émission de gaz à effet de serre. La ferme de 60 vaches allant au pré est donc un modèle agricole pertinent. Les étables à 1 000 vaches comme dans la Baie de Somme sont le contraire de ce qu’il faut faire.
De plus en plus de paysans font de la vente directe de produits bruts, souvent des fruits et légumes. Ils vendent aussi des produits transformés comme les yaourts, les fromages, les viandes emballées sous vide, sans oublier les jus de fruits et le vin. Pour approvisionner les millions de citadins de nos grandes villes en produits frais, il conviendrait aussi de renouer avec les « ceintures vertes ». Ces zones de maraîchage et d’arboriculture existaient naguère autour de Paris, Lyon, Toulouse et tant d’autres villes.
La trop grande spécialisation maraîchère a déjà pollué les sols du Sud de l’Espagne. Elle en fait désormais de même au Maroc, tout en réduisant dangereusement les ressources en eau de ce pays. Il est temps d’arrêter ce genre de folie fondée uniquement sur la recherche d’un profit élevé issu du bas coût de main d’oeuvre. Cela ne fait que masquer provisoirement les dégâts collatéraux.
Plus il fera chaud en France, plus nous aurons besoin de zones ombragées. L’agroforesterie est une technique qui consiste à replanter des haies et à planter des rangées d’arbres dans les champs de manière espacée afin de ne pas gêner les cultures de céréales, de plantes potagères ou de graines à huile.
La même technique se pratique avec succès dans les prairies. On peut planter des arbres qui donneront plus tard du bois d’oeuvre ou des fruitiers comme les pommiers, les poiriers, les oliviers, les noyers, les noisetiers, les amandiers ou les châtaigniers. La même parcelle donne alors deux récoltes par an : une au sol, une autre dans les branches. De plus, les arbres captent du carbone et freinent ainsi le réchauffement climatique. L’arbre est un intrant, pas un intrus. Mais ils ont presque disparu dans nos plaines céréalières. Certains céréaliers ont commencé à ouvrir ce chantier. Ils sont encore trop rares.
Avec le réchauffement du climat, les pluies seront plus irrégulières et la neige fondra plus vite au printemps. Le débit des cours d’eau sera moins régulier tandis que la chaleur favorisera l’évaporation. Cela provoquera des sécheresses dont souffriront les cultures et les prairies.
La France compte des milliers de ruisseaux et de rivières. C’est une richesse qu’il faudra utiliser de manière écologique et intelligente en stockant plus d’eau en surface dans des petits barrages à multiples usages. Ils serviront à écrêter les crues quand il pleut beaucoup, produire de l’électricité en alternance avec les éoliennes, soutenir en été le débit des rivières pour pouvoir irriguer certaines cultures et sauver des récoltes. Enfin, les propriétaires de maisons individuelles auront intérêt à récupérer l’eau du toit dans une citerne pour arroser le jardin, ce qui se fait trop peu jusqu’à présent.
Depuis une cinquantaine d’années, les herbivores ruminants sont de moins en moins nourris à l’herbe et de plus en plus au grain. Cela réduit la charge de travail sur la ferme, mais conduit à utiliser plus de terre pour un même volume de production ; ça coûte de plus en plus cher tout en détériorant la santé des animaux, à commencer par les vaches laitières.
Il faut qu’elles retournent au pré pour brouter des associations de graminées et de légumineuses. Les premières, comme le ray-grass, sont des aliments énergétiques. Les secondes sont souvent des variétés de trèfle et de luzerne riches en protéines et qui, de surcroît, captent l’azote de l’air pour le transformer en engrais azoté naturel, gratuit et sans émission de gaz à effet de serre. La ferme de 60 vaches allant au pré est donc un modèle agricole pertinent. Les étables à 1 000 vaches comme dans la Baie de Somme sont le contraire de ce qu’il faut faire.
Article paru dans Vie nouvelle n°193
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis