Justice de classe en France en 2015
Il y a un peu plus d’un an, Georges Séguy déclarait à propos des poursuites contre les responsables syndicaux : « La justice de classe s’abat toujours sur les militants et sur les plus faibles ». L’ancien secrétaire général de la CGT savait de quoi il parlait. De l’action clandestine à la déportation, des luttes dans son entreprise cheminote à son engagement pour la paix aux, de mai 68 à ses dernières forces il a assumé toutes les exigences du progrès social et humain. Ce que déclarait Georges Séguy est toujours d’une violente actualité si l’on en juge par ce qui se passe en France aujourd’hui…
« La justice de classe s’abat sur les militants et sur les plus faibles »
Il suffit de s’en tenir aux faits, rien qu’aux faits pour ces deux derniers mois.
- A Rouen, un SDF est condamné à trois mois ferme pour un vol de yaourt. Son passé de petit délinquant ne peut expliquer une telle sentence.
- A Tourcoing, une caissière d’un super marché Auchan est licenciée pour avoir fait une remise non justifiée de 0,85 € à une cliente. Elle sera réintégrée grâce à la mobilisation de ses collègues et de la CGT.
- A Paris, la ministre du Travail dont il est inutile de citer le nom, son rôle se limitant à exécuter les basses œuvres de Manuel Valls, valide le licenciement d’un délégué CGT d’Air France alors que l’inspection du travail avait prôné l’inverse.
- Au Havre, la chasse aux militants CGT est ouverte, des décisions de justice étant attendues à la rentrée.
- A Mulhouse, un délégué CGT qui avait lancé à Valls « je t’emmerde » est condamné à une forte amende.
- Un peu partout en France, des militants CGT-EDF font l’objet de menaces.
Je m’arrête là, la liste serait trop longue. Mais je ne peux m’empêcher de penser aux militants CGT de Goodyear condamnés à 9 mois de prison ferme. Et personne ne peut oublier que le chef du Medef, l’ineffable Gattaz a qualifié la CGT de « terroriste » tandis que le très servile France-Olivier Gisbert a comparé la centrale syndicale à l’organisation des fascistes-intégristes Daech.
Pendant ce temps-là, tout va bien pour les nantis.
- Sarkozy, l’homme aux dizaines de gamelles, aux sales affaires sonnantes et trébuchantes se prépare à l’élection présidentielle.
- Balkany, le pilleur de Levallois, peut en toute liberté s’ébrouer dans ses palaces du côté de Marrakech, des Antilles et de l’Eure, protégé derrière ses sociétés écrans.
- Cahuzac, l’ancien ministre socialiste du budget, embourbé dans ses comptes cachés en Suisse, et ailleurs paraît-il, peut tranquillement vivre sa vie et, dit-on, préparer son retour en politique.
- Dassault, distributeur de billets à des fins électorales ne sera pas condamné pour corruption et achat de votes. Il poursuivra ses activités de sénateur, de marchand d’armes et à la direction de l’UMP.
- Tapie, l’homme de « Vive la crise » à la fin des années 1980, le chouchou de Mitterrand qui l’avait fait ministre, l’affairiste pas très net, le copain de Sarkozy et de Christine Lagarde pour récupérer plusieurs centaines de millions d’euros sur le dos des contribuables, elle va être jugée par la Cour de la République mais le FMI lui a renouvelé sa confiance, Tapie l’ancien délinquant peut vaquer à ses occupations en toute liberté.
- Les dirigeants et actionnaires de Sanofi englués dans des scandales s’augmentent scandaleusement et licencient à la pelle.
- Les responsables de la Société générale avaient promis la main sur le cœur qu’ils ne cacheraient plus leur fric dans les paradis fiscaux. Ils viennent de se faire prendre la main dans le sac.
Allez, j’arrête. Permettez-moi simplement de reprendre un extrait connu de la fable de Jean de La Fontaine :
« Selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
José Fort