« En dehors de mon engagement syndical, je suis membre de l'association Accueil Migrants en Pays Bigouden, basée à Lesconil (29), à quelques kilomètres de chez moi. En relation avec un réseau national, nous facilitons l'intégration de plusieurs familles de migrants, « les nôtres » viennent de Syrie. Les municipalités participent à leur niveau, en leur proposant des logements à titre onéreux et les membres de l'association organisent la solidarité sous toutes ses formes : collectes de vêtements et d'objets courants sont régulièrement programmées. Nous sommes également attentifs à l'exercice de leurs droits à la santé par le biais de la CMU. Pour accélérer leur intégration, nous organisons des séances d’alphabétisation et des après-midis bavardage pour échanger sur les différences culturelles. J'ai un peu l'impression de découvrir la Syrie sans quitter ma Bretagne. Au travers de cette activité, je me sens citoyenne du monde et le mot solidarité prend tout son sens. »
« Pour moi rester syndiqué à la retraite est quelque chose de naturel. Une continuité normale de mon engagement syndical lorsque je travaillais. J'ai donc rejoint le collectif des cheminots retraités CGT du secteur de Paris-Est. Cela me permet de garder le pied à l'étrier, car bien sûr, comme les actifs, les retraités ne sont pas épargnés par les mauvais coups. Mais le sport a toujours occupé une bonne partie de ma vie. Ayant fait de l'athlétisme pendant près de trente ans, je pratique désormais le vélo au sein du Club omnisports de la Cgt. Si je retrouve dans cette discipline la richesse et le bien-être qu'apporte toute activité physique, j’apprécie aussi la notion de dépassement de soi. Mais les liens amicaux, la convivialité et les rencontres au sein du club sont indissociables de l’effort sportif. Le sport est aussi un facteur d’épanouissement humain très important. Sans le sport, ma vie aurait sans aucun doute été moins riche. »
« On ne m'a pas mise en maison de retraite, la nécessité s'est imposée, car dans ma maison je tombais sans arrêt. C'est dur d'être en internat à 88 ans. Il faut se faire une raison, obéir au règlement, demander l'autorisation pour tout, on n'est plus libre. Comment exister dans un tel lieu, coupée du monde ? J'ai peur de devenir comme mes voisines qui crient et oublient qui elles sont. Mon corps s'en va, les formes et la grâce m'abandonnent. Mes enfants et mes petits-enfants viennent me voir mais nous ne parlons plus le même langage, je ne participe plus à leur vie. À part la lecture, les journées sont vides, la plupart des émissions de télévision ne m’intéressent pas. Il me reste d'interminables heures pour réfléchir sur le parcours de ma vie, 80 ans de souvenirs c'est long et pourtant si court. J'ai de plus en plus le sentiment d'être inutile. Je vis une première mort par exclusion de la vraie vie. »
Le dessin de Pierre Corneloup à la Une du site illustre le parcours de Odette.
« J’entends souvent dire: toi, tu es une privilégiée. Ça m’irrite au possible. Ma retraite est bien entendu supérieure à la moyenne. Mes fonctions tout au long de ma vie professionnelle et mes salaires confortables ne tombaient pas du ciel. Mes études, mes diplômes, mes responsabilités méritaient une bonne feuille de paye. Pourtant, au fil des ans, je constate une baisse de mon pouvoir d’achat. Ma pension ne me permet plus certaines dépenses, certains plaisirs comme les voyages. Et en plus, je dois aider mon petit-fils en galère. De l’intergénérationnel, comme vous dites. J’ai toujours été syndiquée à la Cgt. Héritage familial. Je comprends que notre syndicat axe ses efforts pour la défense des plus humbles. Mais n’oubliez pas les cadres. Eux aussi méritent votre considération. »
Ces témoignages ont été recueillis par les journalistes de la rédaction de Vie nouvelle pour le dossier spécial du numéro 200 du magazine.
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis