La planète brûle et les dirigeants des pays capitalistes continuent de regarder ailleurs. Voici trois exemples qui vont de l’Australie à la Californie, en passant par le Chili. A quelques jours des élections Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont découvert une passion pour l’écologie. Voilà ce que le système qu’il chérissent produit…
En Australie, début 2019, on a constaté un taux de mortalité effrayant chez les poissons de rivière. Une sécheresse prolongée faisait baisser le niveau des cours d’eau, tandis que la prolifération des algues faisait baisser la teneur de l’eau en oxygène. Début février, le ministère australien de l’Agriculture déclarait : « Nous nous attendons à de nouveaux décès de poissons dans le fleuve Darling car nous avons relevé la présence d’un grand nombre de poissons en détresse». Le bassin Murray-Darling, région agricole clé, s’étend sur plusieurs états et couvre des millions de kilomètres carrés.L’agriculture irriguée surconsomme l’eau des rivières depuis des décennies afin d’exporter de la viande en Europe,tandis qu’il pleut de moins en moins aux antipodes.
À des milliers de kilomètres de là au Chili,le succès à l’exportation de l’avocat « vert flashy » aux États-Unis, en Europe et ailleurs, a conduit à la multiplication des plantations illégales qui ont accéléré la déforestation. Il faut disposer quotidiennement de beaucoup d’eau sur chaque hectare pour produire ces avocats charnus vendus dans les pays développés. Dans la province de Petorca, au centre du Chili, les enfants âgés de dix ans n’ont jamais vu d’eau dans le lit du fleuve devant chez eux. Selon Rodrigo Muncada, fondateur d’une organisation pour l’accès à l’eau, les 3000 habitants de la petite ville de Petorca n’ont même plus d’eau pour répondre à leurs besoins quotidiens. En cause, la culture de l’avocat qui occupe 9000 hectares contre 2000 dans les années 1990.
En Californie, les images de la télévision nous ont montré un état américain en proie aux flammes des semaines durant,avec de nombreux morts de l’été à la fin de l’automne. Les enquêtes menées depuis ont montré que les départs d’incendies sont surtout imputables au mauvais entretien des lignes électriques par le distributeur privé Pacific Gas and Electric Company. Du coup, les cours de cette entreprise ont chuté de 72% en bourse. Voyant cela, ses dirigeants ont indiqué que l’entreprise se déclarerait en faillite si un tribunal la condamnait pour les dégâts causés.
Ce fournisseur privé d’électricité a été condamné à plusieurs reprises par le passé et reconnu coupable de 739 cas de « négligence criminelle » pour un incendie en 2014. Voilà aussi où mène la privatisation de la production et de la distribution d’électricité. Mieux vaudrait en tenir compte en France, pendant qu’il est encore temps.
Gérard Le Puill
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis