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Rencontre avec Christian Prudhomme : « Le Tour est dans notre vie sociale et culturelle. »

Un jour, le Tour de France étirera-t-il sa caravane sur la Lune ? Départ, cratère de la Mer des Pluies, arrivée au sommet du Mons Blanc, 3 600 mètres ? À l’arrivée de sa 106e édition terrestre, son directeur, Christian Prudhomme, partage sa passion de toujours pour cette mythique épreuve.

Quelle est la première étape de votre engouement pour le Tour de France ?

Comme beaucoup de gamins, en Alsace puis à Paris, j’étais passionné par le cyclisme. Je suivais les reportages à la radio. Chaque jour, mon imagination allait bon train à l’écoute des commentaires que Pierre Salviac (même prénom que mon père), entre autres, faisait de chaque étape. Pour rien au monde, je n’en aurais loupé une ! Je ne pensais pas, alors, que j’en deviendrais un des artisans.

Le Tour de France fait partie du patrimoine national et de notre histoire contemporaine. Comment a-t-il traversé ce siècle et un peu plus ? Comment élaborez-vous son tracé ?

Rien ni personne d’autre que les deux Guerres mondiales n’a jamais interrompu son déroulement. Pourtant, il a été confronté à bien des évènements. C’est dire combien il est ancré dans la vie du pays. Personne n’imagine le mois de juillet sans le Tour. Quant à son tracé, c’est d’abord la recherche du meilleur équilibre entre les aspects sportifs (plaine, montagne, distance…) et les aspects esthétiques et géographiques de notre pays. Le Tour de France, c’est d’abord le tour de la France dans toute sa diversité.

Comment obtient-on le privilège de suivre une étape du Tour dans la célèbre voiture rouge du directeur ?

Bien entendu, cela ne s’improvise pas. Un calendrier est établi… Seuls les présidents de la République viennent quand ils veulent. C’est Nicolas Sarkozy qui a inauguré cette participation physique sur une étape. En 1960, le Tour qui passait à Colombey-les-Deux-Églises s’est arrêté quelques instants pour saluer le général de Gaulle. Valery Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, lorsqu’il était maire de Paris, étaient, eux, présents pour le protocole d’arrivée sur les Champs-Élysées… Quant à François Mitterrand (connaisseur de cyclisme et fan de Bernard Hinault), il était, lui, tout simplement spectateur sur le bord des routes du Morvan.

Foot, rugby, handball… se conjuguent désormais au féminin. À quand, à nouveau, un Tour de France féminin ?

Après la fin du Tour de France féminin en 1993, et celle de la Grande boucle féminine internationale en 2009, plusieurs tentatives ont eu lieu pour promouvoir le cyclisme féminin. En vain, et c’est bien dommage. Beaucoup de ceux qui revendiquent une telle promotion ne créent pas pour autant les conditions de sa réalisation. Nous avions essayé, en 2009, de créer une épreuve féminine pendant le Tour de France pour « porter » cette idée, mais les dimensions et les contraintes de son organisation -le Tour, c’est 29 000 policiers et gendarmes mobilisés pendant 3 semaines- n’ont malheureusement pas permis de pérenniser cette initiative. Reste que, même sans le Tour, il existe heureusement de nombreuses courses cyclistes féminines.

Les syndicats sont historiquement présents sur le Tour, notamment la Cgt. Quels rôles jouent-ils ?

Depuis la Libération, la Cgt est présente dans la caravane avec son journal La Vie Ouvrière. Elle n’y est pas pour y assurer la paix sociale. Nous faisons le tour de la France. On ne peut pas ignorer sa réalité sociale et culturelle. Nos rapports avec la Cgt sont fondés sur la confiance et le respect mutuel. C’est sur cette base que nous réglons quelques moments « chauds ». Je pense à ce qui s’est fait lors d’un Paris-Roubaix où nous avons constitué une 26e équipe avec les « Conti » en lutte pour leurs emplois. Nous avons organisé le départ devant leur usine menacée. Je suis sensible à cette dimension pour avoir été moi-même, comme journaliste, débarqué sans ménagement d’une chaîne de télé, La 5, et avoir connu l’ANPE. J’ajoute que nous ne faisons pas de concession au luxe. À Reims, par exemple, c’est dans la cité populaire, après être passé devant les prestigieuses maisons de champagne, que s’est déroulée l’arrivée de l’étape.

Comment le directeur du Tour vit-il les drames et les fléaux qui surviennent ou entachent l’épreuve ?

Il y a évidemment une différence entre les drames que vous évoquez et le fléau du dopage auquel vous faites allusion. On ne peut pas, je ne peux pas oublier l’image de Fabio Casartelli, gisant, mort, à 25 ans, sur la route du Tour 1995 après avoir chuté lourdement dans un lacet de la descente du col de Portet-d’Aspet. Quant au dopage, c’est un combat permanent. On ne sait pas assez que les contrôles que nous effectuons sur le Tour vont bien au-delà de ce qu’exige l’Ama (Agence mondiale antidopage). Mais nous organisons des épreuves dont les règlements sont fixés par l’Union cycliste internationale (UCI). Nous essayons de maintenir un haut niveau d’exigence et des sanctions qui en découlent. La lutte antidopage doit être, je le répète, un combat permanent.

Douze ans que vous êtes aux commandes du Tour. Votre dernière étape sur les Champs-Élysées est-elle programmée ?

Dès qu’un Tour est terminé (et même avant), je suis déjà dans la préparation du suivant. Le Tour, c’est ma vie et je ne suis pas fatigué.

Propos recueillis par Pierre Corneloup pour Vie nouvelle

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