Emmanuel Macron présente la réforme des retraites comme une mesure de justice sociale. Si l’on en juge par le sort réservé aux retraités actuels dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et le projet de loi de finances pour 2020, il ne faut surtout pas le croire sur parole. Jugez-en vous-mêmes.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 propose de maintenir la hausse de la CSG et la désindexation des pensions pour les retraités ayant un revenu fiscal de référence de plus de 2 000 euros par mois.
Ce gouvernement, qui prétend avoir retenu les leçons des mouvements sociaux de 2019, n’a pu ignorer totalement les 72 % des retraités opposés à la hausse de la CSG. Après avoir tenté d’appliquer la hausse à l’ensemble des retraités il a dû reculer et exclure du dispositif de la hausse les retraités ayant un revenu brut de moins de 2000 €. Si votre revenu fiscal est de 1980 € par mois vous ne serez pas concerné par la hausse de 25 % de la CSG, mais à 2001 € vous le serez…
Le 8 octobre, les 9 organisations de retraités continuent d’exiger l’annulation de la hausse de la CSG pour tous les retraités et le rattrapage de la perte de leur pouvoir d’achat.
Le candidat Macron s’était engagé à « protéger le pouvoir d’achat des retraités ». Il n’a cessé depuis de le réduire. Après la hausse de la CSG il a programmé la désindexation des pensions de l’inflation. La perte est sèche : aucune augmentation en 2018, avec la promesse d’une revalorisation en 2019. Mais en 2019, la revalorisation est limitée à 0,3 % alors que l’inflation est de 1,7 % en 2018.
Dans le projet de finances 2020 cette augmentation dérisoire de 0,3 % est maintenue alors que l’inflation en 2019 s’établira probablement autour de 1,3 %. « La revalorisation des pensions de base interviendra dès janvier 2020 sur le niveau d’inflation pour les retraités percevant moins de 2 000 euros brut par mois et à hauteur de 0,3 % pour les retraités dont les revenus sont supérieurs à ce seuil. » (PLFSS).
Au total c’est une perte sèche de 3 % de pouvoir d’achat pour la majorité des retraités ! En 12 ans c’est près de 25 % de recul du pouvoir d’achat.
Dans ses discours, repris en chœur par la plupart des médias, Emmanuel Macron explique l’austérité imposée aux retraités par la nécessaire solidarité intergénérationnelle. Ses ministres et lui se présentent comme les défenseurs des retraités modestes pour justifier la régression des pensions pour ce qu’ils appellent « les retraités aisés ». Un impôt solidarité sur les retraites après avoir supprimé l’Impôt Solidarité sur la Fortune (ISF) ! Emmanuel Macron dit avoir changé de méthode mais n’a pas changé d’objectif : faire payer aux retraités les cadeaux qu’il fait aux très riches.
Le rapport Delevoye sur la retraite à points programme de repousser l’âge ouvrant droit à la pension de réversion de 55 ans à 62 ans ! Sans égard pour les conséquences dramatiques qu’un tel report aura sur la vie des veufs et notamment des veuves, qui composent 89 % des bénéficiaires.
Autre preuve s’il en fallait encore de la volonté du gouvernement de puiser dans le pouvoir d’achat des retraités : il a envisagé de supprimer l’exonération fiscale dont bénéficient le retraités de plus de 70 ans employant une aide à domicile. La protestation qui a suivi l’annonce de cette mesure a été telle qu’Emmanuel Macron a dû précipitamment demander au gouvernement d’y renoncer.
Sur la hausse de la CSG et sur la suppression de l’exonération fiscale des aides à domicile, Emmanuel Macron et son gouvernement ont dû faire machine arrière. Ce n’est nullement des gestes de bonne volonté de leur part mais bien le résultat des nombreuses mobilisations des retraités en 2018 et 2019.
Le président et son gouvernement craignent la colère et plus encore la mobilisation des retraités, surtout à la veille d’élections municipales et dans une confrontation incertaine sur la réforme des retraites. Dans ce contexte particulier mettons les bouchées doubles, appelons très largement les retraités à s’engager dans l’action avec les 9 organisations de retraités.
Du monde dans les rues ce mardi 8 octobre et un renforcement des organisations des retraités CGT, sont les meilleurs atouts pour obliger Emmanuel Macron et son gouvernement à nous rendre le pouvoir d’achat dont nous avons besoin, pour vivre dignement une retraite méritée.
Pascal Santoni
Photo de Une : Allaoua Sayad
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