Le système de retraite par points que tente d’imposer le président Macron serait une régression des droits acquis par nos luttes et le début d’un processus d’appauvrissement des actuels comme des futurs retraités. Unis dans l’action nous pouvons le mettre en échec.
Emmanuel Macron entame la seconde moitié de son quinquennat. Dès janvier 2018, il a réduit les pensions via la hausse de la CSG. En même temps, pour reprendre son expression favorite, il a supprimé l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) que les très riches n’ont plus à payer.
Nous avons appris,en novembre, que les patrons des entreprises du CAC40 avaient perçu, en 2018, une rémunération annuelle moyenne de 5,8 millions d’euros, soit l’équivalent de 277 fois le Smic chaque mois et 12% de plus qu’en 2017. Durant la même année, plus de 10 millions de retraités ont vu leur pension nette baisser de 1,82% via la hausse de la CSG de 1,7 point sur les pensions brutes.
En 2019, les pensionsn’ont augmenté que de 0,3%, trois fois moins que l’inflation. Le gouvernement prévoit la même sanction en 2020 pour les pensions de plus de 2000 € par mois. Il sera appliqué le même taux de 0,3 % d’augmentation aux allocations familiales et aux allocations personnalisées pour le logement (APL) deux années de suite, alors qu’elles sont si importantes pour les ménages modestes. Comme si cela ne suffisait pas, l’indemnisation des demandeurs d’emploi est considérablement réduite depuis le 1er novembre.
La bataille qui s’engage à partir du 5 décembre contre le système de retraite par points peut déboucher sur une grève reconductible chez de nombreux actifs. C’est le cas des hommes et des femmes bénéficiant encore de régimes de retraite spécifiques en raison des contraintes liées à des métiers relevant du service public. Il est bon que huit organisations de retraités - dont l’UCR-CGT- soient pleinement engagées dans cette action commune avec les actifs.
Car depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée,ce sont bien les retraités qui ont été spoliés en premier de leurs droits à pension gagnés par une vie de travail. Via la CSG, il leur fait payer, depuis 2018, l’exonération de la part du salarié dans les cotisations chômage et maladie sur la feuille de paie. Ainsila petite hausse du salaire net accordée à ces salariés ne coûte pas un seul centime aux employeurs! Du coup, les entreprises du CAC40 - qui avaient réalisé 93 milliards d’euros de bénéfices sur l’exercice 2018 pour un chiffre d’affaires global de 1300 milliards d’euros - ont versé 62 milliards de dividendes aux actionnaires.
En luttant aux côtés des actifs contre la mise en place de la réforme par points pour les futures retraites, les retraités actuels savent qu’ils défendent aussi leurs propres droits en même temps que ceux de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Car Macron, avec la complicité de l’ancien ministre de droite Jean-Paul Delevoye, veut imposer sa réforme par points dans le but de réduire les droits à pension actuels et futurs, en augmentant encore la durée de cotisation pour ces derniers. Il veut fragiliser notre système de retraite en l’individualisant, en poussant les hommes et les femmes qui le peuvent à souscrire des contrats de retraites complémentaires par capitalisation auprès d’assurances privées, tandis que ceux et celles qui ne le peuvent pas n’auront qu’une pension de misère dans les prochaines décennies.
Devant la montée de la colère, Macron et ses ministres louvoient en disant que rien n’est tranché, que « la clause du grand-père » pourrait faire en sorte que la réforme ne concernera que les nouveaux entrants. Mais, en cette troisième année du quinquennat d’Emmanuel Macron, ce que nous avons vécu depuis son arrivée à l’Élysée nous donne assez de raisons pour agir aux côtés des actifs. Le 5 décembre partout en France.
Gérard Le Puill
Photo : Allaoua Sayad
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis