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États-Unis. Le pays fracturé

Joseph Biden président élu au terme d’un match serré. Le trumpisme solidement ancré. Plus policé et présentable que son prédécesseur, le nouveau locataire de la Maison-Blanche est aussi l’homme des grandes fortunes yankees. Il est attendu sur des réformes sociales notamment sur la santé, l’IVG, l’action contre la pauvreté, le climat et des relations internationales apaisées.

Les électeurs nord-américains ont évité le pire du pire en renvoyant dans son paradis doré le sinistre Donald Trump. Un menteur de haut vol, un charlatan de foire. Dès le premier jour de sa mandature, il avait affabulé sur le nombre de personnes venues assister à sa cérémonie d’investiture. Puis, ses milliers de courts messages électroniques ont répandu fausses nouvelles et commentaires souvent teintés de machisme, de racisme. L’homme s’est vite révélé comme marqué d’une ignorance à géométrie variable. Sauf dans un domaine : l’argent pour son propre profit, car le slogan du début « l’Amérique d’abord » a vite été supplémenté par « moi et ma famille d’abord ».

Trump a surgi du mauvais côté de la guerre de sécession : il a séparé les enfants immigrés de leurs parents, encouragé les racistes, excusé les crimes policiers, foulé aux pieds les accords internationaux comme celui sur le climat, géré la Maison-Blanche comme une multinationale.

Trump, c’est aussi une funeste incompétence avec, à la mi-novembre, plus de 250 000 morts du coronavirus, des bassesses à la pelle comme la construction d’un mur à la frontière mexicaine, des liens avec les sectes évangélistes et l’extrême droite, un danger pour l’équilibre et la paix mondiale.

Le trumpisme pas mort

Alors pourquoi a-t-il recueilli autant d’adhésions populaires, autant de suffrages des couches moyennes et aussi des moins favorisés, y compris des noirs et des latinos ?

Trump est l’incarnation d’une partie importante de la population US, des plus riches aux plus pauvres, de cette Amérique de la violence et de la domination, celle qui profite du dollar trébuchant, celle aussi révoltée par la précarité et l’élite dont Trump fait pourtant partie. Sa vulgarité plaît à tous ceux qui ont profité de certaines baisses ciblées des impôts se moquant du bradage de la santé pour tous et des millions de nouveaux pauvres. Au pays de l’égoïsme et du billet vert, beaucoup ne se reconnaissent pas dans l’adage de Salomon « mieux vaut le pauvre qui marche dans sa dignité que l’homme pervers ». Ils préfèrent le deuxième et le disent sans vergogne. Le parti trumpiste n’est pas près de s’éteindre. Il fait des petits en occident, notamment en France, l’extrême droite trouvant dans l’exemple yankee du grain à moudre.

Joe Biden, le moins pire

Joe Biden n’est pas un perdreau de l’année. Grande fortune, politicien depuis plus de quarante ans, ancien vice-président d’Obama, il fait partie de l’élite nord-américaine baignant dans un milieu rose-bonbon. C’est le moins pire. Il sera plus policé, plus présentable. Il sera, comme son prédécesseur, mais avec délicatesse, au service de sa classe et des intérêts de l’impérialisme yankee. Il réintègrera l’accord de Paris sur le climat, mais restera accommodant avec les magnats du pétrole et les prédateurs du gaz de schiste. Il procédera à des avancées dans le domaine de la santé, mais n’ouvrira pas le financement public à l’IVG et ne s’attaquera pas aux multinationales pharmaceutiques. Fera-t-il un pas vers un apaisement des relations avec la Chine et la Russie, vers le désarmement et la levée du blocus contre Cuba ? Reviendra-t-il sur l’installation de l’ambassade US à Jérusalem ? Rien n’est moins sûr.

Et demain ?

Tant que les États-Unis seront englués dans le bipartisme et dans un système électoral archaïque, tant que ce sera l’argent qui fera l’élection, tant que le mouvement syndical et la gauche, pourtant en développement (portés par la candidature de Sanders rallié à Biden pour faire barrage à Trump), resteront marginalisés, la plus importante puissance économique (talonnée par la Chine) et militaire ne s’ouvrira au monde que pour imposer son diktat.

José Fort

Photo Une : pledgetimes.com


Comme un parfum de guerre de Sécession

La campagne présidentielle US s’est déroulée dans un climat de tension et de haine rarement égalé. Le pays en sort fracturé. Trump avait annoncé contester le résultat final sous prétexte de « triche » massive orchestrée par les démocrates. Conséquence immédiate : une partie de l’électorat s’est radicalisée. La population s’est ruée sur les ventes d’armes qui ont explosé (+52%). Les milices fascistes et suprématistes blanches ont organisé des meetings et ont pavoisé les armes à la main aux côtés des policiers n’hésitant pas à tirer, en toute impunité, sur les manifestants de Black Lives Matter (La vie des noirs compte). En octobre dernier, un groupe d’extrême droite a été arrêté par le FBI. Il voulait « libérer le Michigan » et enlever la gouverneure démocrate Gretchen Withmer. Il souhaitait également, selon l’agence fédérale, déclencher une « guerre civile ».

La crise sanitaire et la gestion calamiteuse de la pandémie du coronavirus n’ont rien arrangé au climat délétère qui règne aux États-Unis. Elle affecte en premier lieu les plus pauvres, les minorités et les travailleurs sans diplôme, en gangrénant les blessures anciennes. L’Amérique, ou plutôt l’Amérique du Nord, est écartelée au point que certains parlent de « guerre civile froide », comme un parfum de guerre de Sécession, il y a 150 ans.

Quel choix pouvaient faire les Américains ? Ils devaient choisir entre un vieux milliardaire, menteur et dangereux, et un vieux milliardaire annonçant des avancées sur la sécurité sociale, l’immigration, la pauvreté. Mais avec un programme n’inquiétant surtout pas les intérêts de Wall-Street.

Jean-Pierre Delahaye


 

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