La crise sanitaire affecte le monde entier. Les conditions pour éradiquer la pandémie sont loin d’être réunies. Elles mettent en évidence la fragilité des systèmes de santé et les inégalités criantes qui rongent l’humanité.
Le 20 juillet 2020, en pleine campagne électorale, le Président des États-Unis, Donald Trump, claquait la porte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), institution prestigieuse de l’ONU.
Le 29 juin 2020, face à l’ampleur de la pandémie, l’OMS avait appelé à « mettre en place une riposte engageant l’ensemble des pouvoirs publics et de la société, y compris par l’application d’un plan d’action national intersectoriel sur la Covid-19 qui reprenne des mesures immédiates et à long terme visant à renforcer durablement leurs systèmes de santé et de protection sociale ainsi que leurs capacités de préparation, de surveillance et d’intervention… » Elle avait invité « à appliquer des plans d’action nationaux par la mise en place de mesures contre la Covid-19 globales, proportionnées et assorties de délais… en veillant au respect des droits humains et des libertés fondamentales et en prêtant une attention particulière aux besoins des personnes vulnérables, en encourageant la cohésion sociale… »
En décembre 2020, l’OMS faisait le point des espoirs liés aux vaccins : « Lorsqu’un vaccin sûr et efficace aura été trouvé, le mécanisme sera mis en œuvre pour favoriser un accès et une distribution équitables des vaccins, l’objectif étant de protéger les populations de tous les pays… »
De ces vœux pieux à la réalité, il y a un monde. Et ce monde, c’est l’Afrique qui a été moins touchée que les autres continents et l’Asie qui a obtenu des résultats au prix de mesures drastiques. Quant à l’Europe et les Amériques, le bilan provisoire est catastrophique. Les États-Unis comptabilisaient jusqu’à début janvier, avant l’arrivée du vaccin, plus de 200 000 cas jour, tandis qu’au Sud du continent, seul Cuba résistait avec succès au virus.
Alors qu’en Europe aux premiers temps de la pandémie chacun jouait égoïstement dans sa propre cour, la solidarité a pris des accents cubains. En envoyant ses médecins dans près de 40 pays, et même en Martinique, La Havane a donné une sérieuse leçon de solidarité et de savoir-faire. Une goutte d’eau dans la mer ? Un bel exemple qui devrait plutôt inspirer la communauté internationale.
Dans les pays développés, le traitement mercantile de la crise sanitaire fait reculer la confiance dans les progrès de la médecine. Pour étayer la nécessité de changer de logique de gouvernance en matière de prévention et de santé, l’Iresp (Institut de recherche en santé publique) publie une enquête Epicov, épidémiologie et conditions de vie, dénonçant, entre autres, « l’effet cumulatif des inégalités sociales ».
La Cgt a, pour sa part, publié un document détaillé demandant « une augmentation du budget de l’OMS à la hauteur des besoins de l’humanité actuellement inférieur à la distribution des dividendes aux actionnaires de Sanofi ». Elle propose « un pôle public de santé intégrant les industries de santé, avec une gouvernance démocratique regroupant tous les acteurs, patients comme travailleurs du secteur, soustrait de toute mainmise des laboratoires privés, des entreprises d’assurance et de la logique capitaliste de retour sur investissements pour les actionnaires. »
Qu’on se le dise, le monde d’après est bien un enjeu de société.
Yvon Huet
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis