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Catherine Cau :

La gestion calamiteuse de la crise sanitaire plonge le pays dans un profond désarroi. Si les restrictions des libertés individuelles et collectives ont limité le droit de contester les choix économiques du Gouvernement, elles n’empêchent pas leur rejet massif. La colère gronde. Notamment chez les retraités. Entretien avec Catherine Tran-Phung-Cau, membre du bureau de l’UCR CGT.

Le Gouvernement se retranche derrière la situation sanitaire pour justifier ses choix. La pandémie est- elle l’unique raison de la crise sociale inédite à laquelle nous sommes confrontés ? Quel regard portes-tu sur la situation actuelle ?

La pandémie a bon dos. Non, elle n’est pas l’unique raison de la transformation de la société à laquelle nous sommes confrontés. Macron ne fait qu’amplifier et accélérer les stratégies économiques mises en œuvre par les gouvernements successifs. Les conséquences dramatiques de la situation sanitaire étaient prévisibles. Elles résultent d’abord de la casse programmée des services publics en général, celui de la santé en particulier.

En 15 ans, c’est près de 70 000 lits qui ont été supprimés à l’hôpital. En huit ans, ce sont des dizaines de milliers de postes qui sont passés à la trappe. Les soignants avaient pourtant alerté en se mobilisant massivement. Rien n’a été fait pour arrêter l’hémorragie. Les pénuries de masques, de tests, puis de vaccins, ont rendu inévitables ces trop longues périodes de confinement et de restrictions des libertés.

J’ajoute que les retraités et les personnes âgées ont, eux aussi, payé un lourd tribut à cette situation avec des dizaines de milliers de décès, dans les Ehpad ou à domicile. La loi du marché continue à s’appliquer. Elle est incompatible avec l’intérêt général.

C’est une honte pour ce Gouvernement. Oui, ce désastre social, économique et humain aurait pu être évité.

Tu évoques le tribut payé par les retraités. Après un an de crise, dans quel état sont-ils ?

Si on prend la mesure de leur mobilisation du 31 mars dernier à l’appel du groupe des 9, dont l’UCR-CGT, ils vont plutôt bien. On a recensé plus de 80 rassemblements. Ils étaient 20 000 un peu partout dans le pays pour exprimer, sous de multiples formes, leur lassitude, leur colère et l’exigence de voir, enfin, leurs pensions revalorisées pour vivre dignement.

Regardons bien, dans le contexte de catastrophisme largement entretenu par le pouvoir et les grands médias pour que la peur l’emporte, ils ont eu la force et le courage de dépasser la peur pour agir. Pour porter nos revendications et soulever la chape de plomb sous laquelle le Gouvernement veut enfermer le pays. C’est plutôt encourageant et porteur d’espoir, non ?

Justement, malgré leur diversité, les retraités ont-ils conscience de la force qu’ils représentent ?

Nous pensons que oui. Évidemment, les 17 millions de retraités ne sont pas syndiqués. Loin s’en faut.
Aujourd’hui, entre 60 et 100 ans, plusieurs générations de retraités cohabitent. Leurs besoins et leurs aspirations sont naturellement différents. Mais tous expriment l’envie de vivre dignement. On ne peut donc pas faire l’économie de les écouter et d’échanger avec eux. C’est le sens de la consultation nationale « De quoi ai-je besoin, que me faut-il pour vivre ? » que lance l’UCR-CGT auprès des retraités.

La Cgt, comme elle est, avec ses difficultés, mais aussi ses formidables possibilités, peut aider à leur faire prendre conscience qu’il est possible de vivre autrement. Alors même qu’ils occupent un rôle essentiel dans la vie économique, sociale et familiale du pays, il n’est pas inéluctable qu’ils restent indéfiniment considérés comme une charge et un coût pour la société.

En mars dernier, le Comité général de l’UCR-CGT a adopté une feuille de route visant à reprendre l’offensive revendicative. Quelle est son ambition ?

Les conditions qui nous ont contraints à reporter notre 12e congrès au printemps 2023 à Saint-Malo ont été évoquées dans le précédent numéro de notre magazine. Je n’y reviens donc pas. Mais pour autant, la vie démocratique de l’UCR-CGT devait se poursuivre pour ne pas nous laisser enfermer dans les mesures autoritaires du Gouvernement qui entravent notre façon de militer depuis plus d’un an.
C’est dans ce contexte inédit que s’est tenu le Comité général exceptionnel de mars dernier qui a réuni, en visio conférence, plus de 150 délégués.
La réunion a permis d’élire la direction de l’UCR, chargée de mettre en œuvre, jusqu’au congrès, la feuille de route adoptée ce jour-là. Ce document donne un sens et une cohérence à l’activité de l’ensemble de nos Unions syndicales et fédérales dans les territoires et les branches professionnelles.

Il s’articule autour de trois axes. Tout d’abord, face à la crise et ses conséquences, il réaffirme que les retraités occupent et occuperont une place majeure dans la société et qu’ils ont contribué à produire des richesses dans le pays, mais aussi cotisé pour une protection sociale solidaire entre les générations. Le deuxième axe consacre la pertinence de notre démarche revendicative : pouvoir d’achat, santé, accès aux services publics, financement solidaire de l’autonomie et du grand âge, transition écologique et numérique sans rupture d’égalité… Enfin, le troisième axe concerne l’indispensable renforcement du syndicalisme spécifique des retraités. Et de la Cgt.
D’ailleurs, nous allons redynamiser notre campagne de syndicalisation. En lien, bien sûr, avec la bataille des idées. De ce point de vue, la période actuelle est riche d’enseignements et de potentiels.

Tu évoques la bataille des idées. Vie nouvelle a 40 ans cette année. Quelle place notre magazine pourrait-il occuper dans les combats à venir ?

Nous aurons bien sûr l’occasion de marquer l’évènement. Notre journal est apprécié et attendu par ses dizaines de milliers de lecteurs qu’ils soient ou non syndiqués. Parce qu’il nourrit ce que porte l’UCR-CGT, il aide à la compréhension et aux mobilisations.

À sa place, il contribue à rompre l’isolement de nombreux retraités. Il leur apporte des arguments, des éléments de connaissance, de compréhension, mais aussi une vision de la société à contre-courant de l’idéologie dominante des grands médias et des anxiogènes chaînes d’information continue qui tournent en boucle. C’est un enjeu essentiel.

Pour l’avenir, il faut, bien sûr, que Vie nouvelle maintienne cette fonction originale. Mais comme tout média, il doit aussi évoluer et se transformer pour être mieux encore dans la proximité de nos organisations, mais surtout dans celle des retraités.

Propos recueillis par Michel Scheidt

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