La privatisation des services publics dans la santé, les transports, l’énergie aggrave la situation de la population et singulièrement celle des retraités. Il est possible de faire autrement. Dans les Landes le département a choisi d’accompagner financièrement et exclusivement les Ehpad à but non lucratif. L’Etat devrait faire pareil.
Ici, la démonstration est faite que le service public est capable de répondre à l’attente des personnes âgées dépendantes, notamment celles qui disposent de ressources modestes, contrairement aux établissements privés à but lucratif.
Ce ne sont pas les personnels qui sont en cause, mais bien le modèle économique des établissements à but lucratif : souvent propriété de fonds de pensions ou d’organismes financiers. Leur objectif est de maximiser les profits pour distribuer des dividendes à leurs actionnaires. Les conséquences sont désastreuses : des effectifs soignants et techniques insuffisants, des salaires dérisoires, des prestations aux résidents, accompagnement, nourriture et hygiène, réduites au strict minimum. Mais avec des prix d’hébergement prohibitifs, alors qu’ils bénéficient de financements de l’État et parfois des collectivités locales.
Face à cette situation, le département landais, à majorité de gauche, a décidé de n’accorder d’habilitation aux aides sociales qu’aux seules maisons de retraite à but non lucratif.
Paul Carrère, vice-président en charge de l’autonomie au conseil départemental, a décliné pour nous les qualités et les avantages de ce schéma public : « un équilibre de prise en charge en milieu urbain et rural, qui permet à tous les Landais d’avoir à moins de 20 km un Ehpad capable de les accueillir ; des établissements à taille humaine de 80 places en moyenne ; des aides qui permettent de renforcer les effectifs, ainsi la moyenne nationale est de 0,55 équivalent temps plein par résident dans les établissements privés lucratifs, la moyenne nationale tout confondu est de 0,60, dans les Landes elle est de 0,75, avec pour objectif 0,80. Par rapport au privé, cela fait 20 à 25 personnels de plus par établissement ; des prix entre 1 800 et 2 000 €/mois. Le département finance 15 % des investissements de tous les établissements publics, ce qui atténue les prix de journée. »
Autres avantages : la solidarité entre Ehpad publics de proximité et une connexion réactive avec les structures du département, qui ont permis de faire face aux pénuries pendant la pandémie, alors que la situation explosait dans les établissements privés. Le département a également été à l’initiative de la création d’un établissement expérimental : le Village Landais Alzheimer. Ce qui fait dire à Alain Baché, conseiller régional qu’« il est temps de songer à décentraliser au niveau régional et départemental les décisions en matière de santé, en lien avec l’État. »
La démarche du département des Landes mérite réflexion et éventuellement d’être généralisée, car elle démontre que l’on peut bien vieillir en Ehpad, dans le respect et la dignité du grand âge.
Pascal Santoni
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