Publié le 20 mars, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec) indiquait que « la planète se dirige vers un réchauffement de +2,8°C d’ici 2100 ». Avec le réchauffement en cours, l’eau devient plus rare en France. Il va donc falloir la gérer différemment en augmentant le nombre de barrages.
Pour bien comprendre la signification des chiffres publiés par le Giec sur l’évolution du climat, il convient de revenir sur le contenu du texte, adopté par les 296 parties (ou pays) qui participaient à la Cop21 de Paris en 2015. Il engageait ces parties sur le chiffre de +2°C à ne pas dépasser en 2100, par rapport à la période préindustrielle du début du XIXe siècle. Toutefois, pour obtenir la signature des pays les plus pauvres, qui sont souvent les plus impactés par les conséquences néfastes du réchauffement, Laurent Fabius, président de la Cop21 en sa qualité de ministre des Affaires étrangères du pays organisateur, avait fait ajouter le chiffre de +1,5°C « à ne pas dépasser si possible », tandis que les pays développés s’engageaient à verser une aide annuelle 100 milliards de dollars aux pays les plus pauvres pour freiner, chez eux, les conséquences désastreuses du réchauffement.
Comme beaucoup d’autres, cet engagement financier n’a été tenu que très partiellement depuis. Néanmoins, le chiffre de +1,5°C à ne pas dépasser est rappelé depuis bientôt 8 ans dans toutes les publications du Giec. Son dernier rapport indique que tout se joue dans les toutes prochaines années. Il souligne même que la limite de +1,5°C pourrait être franchie au début des années 2030. Au train où vont les choses, certains scientifiques n’excluent pas un réchauffement de +4,4°C d’ici la fin du siècle en cours. Conserver une chance de le limiter à +2°C « implique des réductions d’émissions de gaz à effet de serre immédiates dans tous les secteurs », affirme le Giec. Elles devront être réduites de 48 % d’ici à 2030, par rapport à 2019, pour espérer atteindre la neutralité carbone au début des années 2050.
En France, la sortie de l’hiver 2023 était marquée par un faible remplissage des nappes phréatiques, suite à des pluies insuffisantes. Ce processus risque de se reproduire de plus en plus souvent dans les prochaines décennies avec des sécheresses plus longues. Mais le réchauffement climatique multiplie aussi les orages qui font tomber beaucoup de pluie en peu de temps.
Entouré de montagnes, notre pays dispose de quelques atouts pour stocker de l’eau quand il pleut beaucoup, afin d’avoir des réserves par temps de sécheresse. À la belle saison, le débit de la Seine est soutenu à hauteur de 60 % par l’eau des barrages construits voilà plus de 60 ans sur ses affluents que sont l’Aube, la Marne et l’Yonne. Grâce à cet apport, 12 millions de Franciliens n’ont jamais été privés d’eau potable ces dernières années. En Île-de-France, moins de 50 % de l’eau du robinet consommée par les ménages et les entreprises provient des nappes souterraines situées autour de la région. Plus de la moitié de l’eau potable est ainsi prélevée par les usines de traitement qui se trouvent sur les bords de la Seine et de la Marne. En stockant de l’eau quand il pleut beaucoup, le rôle des barrages est également important pour limiter les inondations dans la traversée de l’agglomération parisienne et pour permettre la circulation des bateaux en été.
Pour stocker de l’eau de manière raisonnée et raisonnable, il vaut mieux ne pas pomper dans les nappes phréatiques pour remplir des « bassines » qui serviront à irriguer le maïs, comme on l’a vu en mars avec le projet contesté de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. En revanche, il faudra consulter des hydrologues et construire des barrages sur des sites appropriés pour disposer de réserves et soutenir le débit des rivières et des fleuves à la belle saison. Cela impliquera aussi de changer certaines pratiques agricoles et de manger un peu moins de protéines d’origine animale.
La gestion préventive et intelligente de l’eau devient indispensable, afin de partager ce bien commun de manière équitable.
Gérard Le Puill
Le 30 mars, le président Macron était face au barrage de Serre-Ponçon pour évoquer la gestion de l’eau au XXIe siècle. La mise en eau date de 1959 et la superficie du lac qui en découle est de 28 km2 au confluent de la Durance et de l’Ubaye. Ce site permet de produire de l’électricité et de l’eau potable. Il fait également fonctionner des bases de loisirs, tout en réduisant les risques d’inondation. Devant de tels atouts, le chef de l’État n’a pas évoqué nos besoins de stockage de l’eau en surface. Il n’a pas critiqué l’usage des « bassines » remplies en pompant dans les nappes phréatiques, lesquelles étaient déjà à moitié vides au début du printemps.
Après avoir dit que « le changement climatique va nous priver de 30 à 40 % de l’eau disponible dans notre pays à l’horizon 2050 », Emmanuel Macron s’est contenté de tenir ces quelques propos d’une banalité déconcertante : « L’eau est un bien commun. Il faut garantir à tous les Français une eau potable de qualité pour tous les usages domestiques du quotidien, boire, se laver. (…) Le prix de l’eau ne va pas augmenter. Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix coûtant pour tout le monde ».
Mais les 180 millions d’euros promis, chaque année, par le président Macron, pour réparer les fuites seront payés par les usagers, laisse-t-on entendre au gouvernement.
La France ne stocke que 2 % de l’eau de surface disponible sur son territoire. Elle peut l’accroître un peu pour sécuriser l’accès à l’eau pour tous.
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