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ET DEMAIN ?

Le « match » n’est pas terminé. Il prend un nouveau départ et sous d’autres formes. Ces derniers mois auront marqué les esprits, et ouvert la voie à de nouvelles luttes pour l’augmentation des salaires et des retraites.

Le passage en force de la loi sur la retraite restera dans les annales comme une scélérate opération antidémocratique relevant de l’autoritarisme au service d’une mission confiée par les hautes sphères de la finance à M. Macron. « Lui, il la fera cette réforme que la droite traditionnelle a eu peur de réaliser », s’est félicité l’éternel prétendument marxiste à la sauce libérale, Alain Minc.

Que restera-t-il dans la mémoire de cet épisode de la vie sociale et politique française ? Un président détesté, un gouvernement bonimenteur, une clique parlementaire dite « majoritaire relative » abâtardie, des vieux artistes sur le déclin, recroquevillés sur leurs misérables privilèges et l’apparition, lumineuse, d’une jeune femme Palme d’or à Cannes n’oubliant pas, elle, d’où elle vient. Et surtout un calcul politicien d’une dangerosité extrême visant à parier sur une élection de Mme Le Pen à la prochaine présidentielle pour un retour macronien aux affaires en 2032.

Il restera surtout un fantastique et large mouvement social, « historique » disent certains, « inédit » affirment d’autres. Alors, demain quoi ?

Mémoire collective

Les lampions vont-ils s’éteindre ? Le retour à « l’apaisement », tant souhaité par le pouvoir aux abois, invitera-t-il à baisser les bras et les banderoles ? Le monde du fric, de l’exploitation, de l’imbécillité, du décervelage médiatique, bref les forces réactionnaires dans toutes leurs composantes auraient-elles remporté la partie ?

Pas trop vite, Ernest. Il y en a beaucoup sous la pédale, comme dirait Hemingway. L’histoire, avec un grand H, montre que les grands événements sociaux marquent durablement la mémoire collective. Ils ne s’oublient pas. Ils imprègnent les esprits, irriguent les cerveaux, alimentent la réflexion et les futurs combats. Ils sont même source de créations sociales, artistiques, scientifiques et philosophiques.

Enfumage

« L’injustice sociale, écrivait Albert Camus, est un luxe extravagant que, seuls, peuvent s’offrir des nations qui ont beaucoup d’argent pour en compenser les ravages et beaucoup de policiers pour en faire taire les révoltes. » Un texte qui date des années 1950. Toujours d’actualité.

Alors quoi ? M. Macron et son indigent entourage, comme dans une assemblée - dévoyée de son véritable but - des alcooliques anonymes, vont tenter de faire passer la pilule en mâchouillant quelques mesures gadgets, une vieille pratique pour tenter d’enfumer les Français. Le pari est risqué. Vœu pieux, pour plusieurs raisons : il y a des dates qui marquent les esprits ; de tout temps, le monde du travail a dû se battre pour faire plier patronats et gouvernements ; le mouvement sur les retraites, comme les autres, relève d’un choix de société ; il invite aussi et surtout à rêver à une autre société plus juste, plus solidaire, plus humaine.

Non, le « match » n’est pas terminé. Il se prolonge. Et les luttes n’ont pas attendu pour s’exprimer, s’organiser et gagner. Deux exemples, parmi d’autres : Disneyland Paris et les femmes de Verbaudet dans le Nord.

La lutte paie

Dans le parc de loisirs proche de la capitale, une mobilisation inédite a remplacé la traditionnelle parade par un défilé des salariés avec pour revendication principale l’augmentation des salaires. À l’usine Vertbaudet de Marquette-lez-Lille, qui emploie principalement des femmes, soixante-douze grévistes sont entrées en lutte pour la première fois de leur vie. « On aurait dû se révolter bien avant », disait l’une d’elles au Monde, à la fin du mois d’avril.

Avec des salaires n’atteignant pas les 1 500 euros après plus de vingt ans d’ancienneté, les soixante-douze femmes grévistes de Vertbaudet n’ont pas accepté l’accord salarial pour 2023 prévoyant… 0 % d’augmentation de salaire, alors que l’inflation atteint des niveaux record. « La grève a été longue et difficile, marquée par des violences contre les déléguées syndicales. Elle a permis d'arracher une augmentation générale des salaires. Pour les ouvriers/employés du groupe, c'est une augmentation allant de 90 à 140 euros nets mensuels en fonction de l'ancienneté. Un ensemble de disposition allant de la reclassification aux primes et aux avantages, en passant par une clause de revoyure en cas d'inflation supérieure à 2 % », précise la CGT Vertbaudet.

Les retraités ne sont pas en reste. Dès le 15 juin, ils ont donné de la voix pour une pension de 2 000 euros net par mois.

Les points marqués

Dans Le Journal du Centre, Sophie Binet résumait ainsi le moment que nous venons de vivre : « Les points marqués sont indéniables. On a marqué un premier point sur la bataille des idées puisque les salariés restent très majoritairement opposés à la réforme du gouvernement et favorables à la retraite à 60 ans. Le deuxième point est d'avoir remis les syndicats au centre du jeu. Et le gouvernement, c'est le troisième point, n'a plus ni majorité politique ni majorité sociale, il est très fragilisé. C'est la raison pour laquelle il a multiplié les manœuvres pour empêcher le vote d'un bout à l'autre du conflit. »

José Fort

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