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IL YA 40 ANS, LA MARCHE POUR L’ÉGALITÉ ET CONTRE LE RACISME

Après la mort de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre le 27 juin 2023 et les révoltes qui ont suivi, la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 résonne cruellement. Une réponse aux déviances policières devient urgente.

Les anniversaires se succèdent et ne se ressemblent pas. Il y a dix ans, pour saluer la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, dite Marche des Beurs, un film de Nabil Ben Yadir avec Jamel Debbouze sortait au cinéma. Aujourd’hui, pour les 40 ans de la Marche, les commémorations seront sans doute plus amères. Rappelons-nous que cette initiative a vu le jour parce qu’un jeune de la banlieue lyonnaise a été grièvement blessé par un policier en juin 1983. À cette époque, la France connaît aussi une explosion sans précédent des crimes à caractère raciste, comme le rappelle le chercheur Abdellali Hajjat (La Marche pour l’égalité et contre le racisme, éd. Amsterdam, 2013) : 203 Maghrébins tués entre 1971 et 1989. Radio Beur, créée en 1981, dans la mouvance des radios libres, se fait l’écho de la longue litanie des assassinats qui débouchent bien souvent sur des non-lieux. Aux Minguettes (69), les tensions entre la police et la jeunesse sont extrêmes.

En mars 1983, une grève de la faim pour dénoncer les violences policières est lancée par quelques jeunes du quartier de Monmousseau, soutenus par des militants pro-immigrés, tels le prêtre Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, de la Cimade. Le 27 avril, ils créent SOS Avenir Minguettes, présidée par Toumi Djaïdja. Parmi leurs revendications, une égalité de traitement par la police et la justice, le droit au travail et au logement.

Une démarche pacifiste

Le 18 juin 1983, Toumi Djaïdja reçoit une balle tirée à bout portant par un policier. L’idée d’organiser une marche pacifiste de Marseille à Paris est lancée. Le 9 juillet, l’assassinat à La Courneuve (93) de Toufik Ouanès, 9 ans, par un habitant fait grand bruit. C’est dans ce climat de violence qu’une trentaine de personnes part de Marseille, le 15 octobre, dans une indifférence quasi générale. Parmi eux, le groupe de SOS Minguettes, dont une majorité de fils de harkis, mais aussi des militants pro-immigrés. Au fil des six semaines de marche, une montée en puissance va s’opérer, à partir de Valence (26). La presse nationale commence à couvrir l’événement. La médiatisation va aller crescendo, à partir de Strasbourg (67) avec la venue de Georgina Dufoix, secrétaire d’État à la Famille, alors que le 14 novembre, Habib Grimzi est défenestré par des légionnaires dans le train Bordeaux-Vintimille.

À l’arrivée sur Paris, le 3 décembre, c’est l’apothéose, 100 000 personnes se rassemblent pour accueillir les marcheurs. François Mitterrand reçoit neuf d’entre eux, qui annoncent, à leur sortie de l’Élysée, la carte de séjour de dix ans pour les étrangers ; elle sera instaurée en juillet 1984. Une réponse pour le moins décalée, alors que ces enfants de la deuxième génération sont pour la plupart français… Bientôt, la vague Beur is beautiful déferlera, mais les problèmes que rencontrent les enfants d’immigrés, eux, sont mis de côté.

Sortir de l’impasse

Quarante ans après, l’événement constitue toujours un enjeu mémoriel d’autant plus qu’aucune réponse politique n’est apportée aux violences policières, si ce n’est une surenchère répressive. S’il est encore trop tôt pour analyser l’embrasement qui a suivi la mort de Nahel, il est urgent d’éteindre l’incendie durablement. Le sociologue Renaud Epstein, dans Le Monde, le 6 juillet dernier, souligne : « (…) Ce que rappellent d’abord les émeutes, c’est l’état plus que dégradé des relations entre la police et les populations racisées des quartiers populaires, et la nécessité d’une transformation profonde des pratiques policières ».

Dans un texte publié début juillet, quelque 90 organisations, dont la Cgt, Amnesty International ou Attac, réclament ainsi l’abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ; une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement et le remplacement de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique. Il en va de la concorde nationale.

Amélie Meffre

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