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Appauvrir les pauvres, enrichir les riches

Nous sommes entrés dans l’ère de la mondialisation. Marchandises, flux financiers et salariés sont mis en concurrence d’un côté à l’autre de la planète. L'insécurité sociale se généralise. Il faut sortir de cette spirale des inégalités croissantes et de la régression.

Le blocage des pensions et la suspension de la négociation sur les retraites complémentaires montrent que le gouvernement et le patronat veulent nous soumettre à la même régression que celle imposée au peuple grec.

Mois après mois, le chômage augmente en France tandis que la précarité dans l’emploi progresse dans un pays qui ferme des usines et des services publics un peu partout sur le territoire. Alors qu’ils travaillent pour nous nourrir, les paysans aussi sont confrontés à des difficultés de plus en plus grandes. Dans la mesure où le pouvoir d’achat des consommateurs recule, les distributeurs privilégient les produits de bas de gamme, importent plus que de besoin dans le seul but de faire chuter les cours à la production. La sécheresse estivale a été utilisée par les grandes enseignes pour accentuer le pillage des paysans, notamment des producteurs de viande.

Les bas salaires fragilisent la retraite par répartition

Dans un contexte de compression des rémunérations des actifs et de chômage de masse, le blocage des pensions n’arrive même plus à consolider l’équilibre financier des caisses de retraite. Les rentrées de cotisations prélevées en pourcentage des salaires bruts sont amputées par le sous emploi et les rémunérations au rabais. On voit alors les patrons via leurs relais politiques et médiatiques revendiquer de nouveaux cadeaux pour faire « baisser le coût du travail ».

Comme si le travail productif, source de création de richesse et de plus-value, était un coût insupportable dans une société moderne. Or, sans le travail, aucune richesse ne se crée. C’est même à partir de cette réalité bien explicitée par Karl Marx que les travailleurs ont inventé la grève. Laquelle, en stoppant la création de richesses, tarit la source des profits. Elle a souvent obligé les patrons à satisfaire les revendications.

La com-pé-ti-ti-vi-té !

Mais les choses se sont compliquées pour les travailleurs avec la mondialisation capitaliste, sur fond de baisse des tarifs douaniers entre pays à niveau de vie, de salaires et de protection sociale très différents. Aujourd’hui, une ouvrière du textile payée au Smic s’entend dire, en France, qu’elle n’est pas compétitive dans son usine bien que soumise à des cadences infernales. Car on lui demande d’être compétitive par rapport à l’ouvrière bulgare ou roumaine payée trois fois moins ; tandis que l’ouvrière macédonienne aux portes de l’Europe touche 300 € par mois, celle du Cambodge ou du Bangladesh deux à trois fois moins encore.
Louis Gallois jette les pauvres à la poubelle.


Les patrons, les décideurs politiques et les journalistes de cour qui plaident pour la « baisse du coût du travail » en France oublient délibérément que les loyers, les transports et la nourriture sont bien plus chers chez nous que dans les pays à bas salaires. Dès lors, l’ouvrière du textile dont l’emploi est malgré tout préservé en France n’est plus entièrement payée par le patron qui l’exploite. Ce dernier perçoit des allègements de charges dont le CICE (6 % du salaire brut) versé aux entreprises pour tous les salaires jusqu’à 2,5 fois le Smic.

Mais l’ancien patron qu’est Louis Gallois propose d’élargir cette aide à tous les salaires à moins de 3,5 fois le Smic. Les plus pauvres ne l’intéressent même plus, il les jette à la poubelle ! Il est allé défendre cette idée aux rencontres du « Cercle des économistes » à Aix-en-Provence le premier week-end de juillet. Les « penseurs » du cercle en question sont des « économistes libéraux » dont beaucoup conseillent ces entreprises et émargent pour certains dans les conseils d’administration du CAC 40.

Cet argent provient de nos impôts.

Voilà de quoi on discute dans les salons pour nous préparer une évolution de la société française comparable à celle de la Grèce où la population s’est révoltée en rejetant par référendum le 5 juillet la nouvelle cure d’austérité que lui proposait l’Europe. Chez nous, l’argent que l’État verse aux patrons pour « baisser le coût du travail » provient de nos impôts directs et indirects. L’ouvrière du textile et le ménage de retraités y contribuent aussi en payant la TVA sur tout ce qu’ils achètent.

Dans le même temps, trop de ménages, qui n’ont plus un revenu suffisant pour payer l’intégralité du loyer, reçoivent l’Aide personnalisée au logement (APL). Indispensable aux locataires modestes, cette aide vient aussi des fonds récoltés à travers les impôts. Autre effet pervers, cette APL qui rend solvables ces locataires, atterrit souvent dans la poche d’un ménage aisé que l’État a déjà aidé à s’enrichir par des mesures de défiscalisation en faveur du logement locatif privé.

Désormais, nous comptons, en France, des millions de logements locatifs dont on a subventionné les propriétaires depuis plus de vingt ans à travers des dispositifs de réduction d’impôts connus sous les noms de Périssol, Besson, De Robien, Scellier, Apparu, Duflot, Pinel. Ainsi, quand l’APL est revalorisée de 10 € par mois, seulement 60 centimes améliorent la solvabilité du locataire et 9,40 € vont à l’augmentation du loyer perçu par le propriétaire.

Sortir de cette spirale de régression

À force de baisser les salaires tout en continuant de détruire des emplois, on appauvrit de manière permanente de larges couches de la population. La révolte finalement victorieuse des taxis contre la plateforme UberPop qui faisait travailler des gens avec leur propre véhicule pour arrondir leurs fins de mois, a montré que l’on peut s’opposer, avec succès, à cette régression sociale permanente.

Ce combat intéresse autant les retraités que les actifs. Sans salaires décents, il y aura de moins en moins d’argent pour payer les pensions qui nous sont dues puisque nous avons longuement cotisé pour cela.

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