Sidération. Un mot qui revient souvent par les temps qui courent. Il exprime la difficulté de mettre des mots sur ce qui frappe les salariés dans notre pays. Comme la condamnation des syndicalistes de Goodyear. L'heure est à la riposte, à la solidarité.
Comment exprimer ce que l’on ressent à l’annonce de la condamnation à la prison ferme des syndicalistes de Goodyear ? Comment qualifier l’action d’un procureur, très probablement en service commandé, qui réclame 2 ans de prison dont un an ferme pour des syndicalistes qui ont retenu en 2014 deux cadres de l’entreprise et qu’un tribunal fasse « droit » à sa demande ? Alors que la direction de Goodyear et les deux cadres avaient retiré leurs plaintes. Ces cadres qui ont reconnu eux-mêmes que sans les militants de la CGT ils ne seraient pas sortis de l’usine sans difficultés après avoir annoncé 1170 licenciements et la fermeture de l’entreprise.
La violence ? Oui, depuis la fermeture de l’usine, il y a eu plus de quinze suicides.
Le professeur de droit Emmanuel Dockès se dit « abasourdi » par une telle décision : « Que le parquet maintienne ses accusations alors qu’il n’y a eu aucune agression physique et pas de plaintes interroge sur la répression pénale à l’œuvre qui résonne avec la montée de l’autoritarisme », il relève « l’incroyable disproportion entre ce qu’ils ont fait et ce qu’ils vont subir », et constate « inquiet, combien les puissants demeurent bien lotis en France quand les faibles sont réprimés ».
Comment ne pas comprendre la colère des ouvriers de Goodyear, après que François Hollande, député de la Corrèze et candidat à la primaire socialiste pour l’élection présidentielle, leur a promis une loi contre les licenciements boursiers. « Je ne suis pas comme un autre qui vient devant les travailleurs et leur promet ce qu’il n’est pas capable de tenir après » leur avait-il déclaré sur le parking de l’usine en 2011. "Moi Président..."disait-il ensuite face à Nicolas Sarkozy.
Pour l’avocat des Goodyear Me Fiodor Rilov, qui a aussitôt fait appel du jugement « C’est le signal du déclenchement d’une vraie campagne pour menacer tous les salariés qui voudraient exprimer leur révolte sociale de manière forte ». Et il ajoute « Il n’est pas possible qu’un parquetier décide tout seul de condamner à de la prison ferme des salariés qui se battent pour défendre leur usine, leur travail ».
Quelques jours auparavant, le 15 décembre, le Conseil des prud’hommes de Bobigny a rendu un jugement favorable aux ex-salariés de PSA D'Aulnay. Il a annulé le Plan de sauvegarde de l'emploi et les licenciements, condamné PSA à payer à 101 salariés des dommages et intérêts allant de 18 000 € à 130 000€ et à rembourser à Pôle Emploi les indemnités versées à l'ensemble des salariés licenciés.
On comprend mieux pourquoi le patronat mène campagne pour réduire le code du travail à sa plus simple expression. On comprend mieux ce qui motive la décision du tribunal : empêcher les salariés et les syndicats, et particulièrement la CGT, de défendre leur emploi, leur pouvoir d’achat, leurs conditions de travail.
Au-delà de ce qui « ressemble à une déclaration de guerre » comme l’a caractérisée le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, il y a la volonté de faire peur aux salariés, aux syndicalistes, leur ôter toute velléité de s’opposer aux stratégies patronales.
« Si le gouvernement veut déclarer la guerre au syndicalisme CGT, il devra en assumer les conséquences. » dit le communiqué de la CGT qui appelle « Toute la CGT, tous ses militants avec les salariés et tous ceux, pour qui la justice n’est pas un instrument politicien, à organiser la riposte »
Tous les salariés car il s’agit, en s’attaquant à la CGT, d’affaiblir les capacités des ouvriers, des employés, des cadres de nos entreprises de résister aux décisions de fermetures d’entreprises, de licenciements, au déploiement de la précarité et de l’insécurité sociale.
L’heure est à la riposte, la plus massive possible, pour faire échouer toute tentative d’isoler la CGT et le syndicalisme. C’est ce à quoi appelle la CGT.
L'UCR/CGT apporte son soutien total aux huit de Goodyear et appelle l'ensemble de ses adhérents et sympathisants à signer massivement la pétition lancée par la CGT Goodyear Amiens Nord.
Pascal Santoni
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis