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Mardi 14 juin. Laurent Berger à la peine

Laurent Berger revient à la charge dans un entretien au JDD ce dimanche, qualifié par le Huffington post comme « La violente charge de Laurent Berger, le patron de la CFDT, contre Philippe Martinez et la CGT ». La CGT n’a pas l’habitude de polémiquer avec d’autres syndicats mais ce qui est en cause dans les propos de Laurent Berger c’est la légitimité du mouvement social. Jugez-en.

A la question de savoir pourquoi le mouvement contre la loi Travail dure depuis 88 jours, LB y voit deux raisons. Une subjective, un projet au départ inacceptable qui a « été vécu comme punitif » avec « un ressenti très négatif ». Une deuxième est attribuée à « un jeu de rôles entre un gouvernement en difficulté et une CGT qui a voulu refaire son unité ». Un conflit de 88 jours de grèves et de manifestations, expliqué par un ressenti et un jeu de rôles, c’est un peu court et c’est mépriser quelque peu la compréhension des dangers du projet par plus de 70 % de l’opinion en France.

A qui la faute ?

Pour LB c’est surtout la méthode qui est mauvaise. « Elle hystérise la société. Pierre Gattaz y est autant opposé que la CGT ». Traduisez : le projet ayant évolué, est nécessairement bon puisque même le Medef est désormais contre. Or il suffit de se référer aux notes internes du Medef ou aux menaces proférées par Gattaz à la CGC pour se convaincre que « l’hostilité » du Medef vise à corriger un soutien au projet de loi si bruyant qu’il gênait le gouvernement et confortait les opposants au projet.

Ah ! l'image de la France

Ensuite vient la question inlassablement posée pour dissuader le soutien au mouvement de protestation : l’image de la France. Que révèle ce conflit de la France ? « Il y a un mal-être dans le pays, une profonde difficulté économique et sociale » répond LB. La difficulté ? Il explique alors que ce pays a du mal à accepter que le code du travail doit évoluer pour répondre aux mutations de notre société. Eléments de langage habituels du gouvernement pour faire admettre des mesures régressives au nom des mutations nécessaires.

Et après avoir vivement critiqué la CGT pour avoir « empêcher la parution de journaux » LB précise « personne ne parle de progrès social aujourd'hui, de progrès humain. ». Or c’était précisément le titre et l’objet de la tribune de Philippe Martinez qui avait été proposée aux journaux.

Ce sera pire avec la droite

Autre question destinée à faciliter une réponse allant dans le sens du projet de loi : redoutez-vous que la droite aille plus loin que la loi El Khomri ? « Des organisations syndicales pensent que le statu quo serait satisfaisant, des organisations patronales croient qu'il faut être dur pour gagner. Cela favorise une vision politique autoritaire et verticale. Or l'affrontement stérile est toujours plus bénéfique aux patrons qu'aux salariés. Au contraire, dans ce projet de loi, on contraint les patrons à négocier » répond LB. Et il ajoute plus loin : « avec la possibilité de négocier des accords d'entreprise à condition qu'ils soient signés par des syndicats majoritaires ».
Or, le projet permet au contraire aux patrons de passer outre le résultat d’une négociation qui ne leur agrée pas. L.B oublie juste de préciser qu’une opposition de la majorité des syndicats pourra désormais être contournée en permettant à 30 % des syndicats minoritaires de provoquer un référendum, qui, chantage à l’emploi aidant, peut donner un résultat favorable au patron malgré l’opposition de la majorité des syndicats. Sauf à n’avoir pas lu le projet ou à ne pas comprendre le sens des mots, L.B ment par omission.

La majorité du pays ne veut pas de ce projet

Alors faisons les comptes de la démocratie. Le projet de loi Travail est rejeté par une très large majorité de citoyens malgré une pression contraire de chaque instant, de la mise en scène des violences lors des manifestations à l’image de la France pendant l’Euro 2016, par une majorité de syndicats, par un million et demi de pétitionnaires par l’impossibilité de trouver une majorité pour le voter à l’Assemblée nationale. Et il faudrait se rendre aux arguments de deux syndicats, la CFDT et la CFTC, car il semble qu’on ne puisse plus compter la CGC  parmi les soutiens à un projet porté par un Président de la République qui recueille 16 % (-2) d’opinion favorable et un Premier ministre 19 % (-4) résultats corrigés le13/06/2016 .

Le 14 juin, une victoire de la démocratie sociale 

La seconde intervention de Laurent Berger n’est pas plus convaincante que la première. Les salarié-e-s, les sans-emploi, les retraité-e-s, les jeunes collégiens et étudiants ont toutes les raisons de s’opposer au projet de loi Travail et de participer à la grande journée de mobilisation de demain. Une journée qui fera date.

 Pascal Santoni

Photo : Allaoua Sayad



 

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