C’est Roberto Scarpitano, juge anti-mafia de Palerme, qui a préfacé ce livre en bande dessinée réalisé par le dessinateur Etienne Davodeau et le journaliste Benoît Collombat. Deux ans avant que le salon du livre de Paris 2016 consacre l’essentiel des créations littéraires à la tendance, désormais très populaire, des ouvrages dessinés.

Le livre retrace cette époque violente où la Ve République sortait du coup d’État institutionnel de 1958, avalisé par le référendum qui a suivi avec plus de 82 % des électeurs français et des colonies.

Une histoire « honteuse » est décryptée, en miroir brisé d’une histoire officielle, suivant les traces de deux « mystères » : l’assassinat du juge Renaud en 1975 et l’étrange suicide de Robert Boulin en 1979. Le Sac (Service d’action civique) est particulièrement dénoncé dans ses pratiques occultes autant que criminelles. « Ils font un véritable travail de service d’ordre ! Ils surveillent les meetings électoraux, protègent les candidats gaullistes, effectuent des opérations « coup de poing » contre les militants communistes… une sorte de police privée… » ( page 7). La lecture de ce livre est opportune à un moment où les vieux démons remontent à la surface pour remettre en cause les libertés démocratiques en France.

Cher pays de notre enfance, Enquête sur les années de plomb de la Ve République (2013)
Étienne Davodeau et Benoît Collombat, éditions Futuropolis, 24 €.

Benoît Collombat et Étienne Davodeau ont reçu le prix du public au festival de BD d’Angoulême 2016.