Le temps est à la fois un changement perpétuel et un milieu indéfini dans lequel se déroulent les événements. Depuis toujours, l’homme a eu besoin de se repérer pour se rassurer en utilisant d’abord les éléments naturels, le soleil, la lune, les étoiles, l’eau et le sable puis en élaborant des instruments de plus en plus perfectionnés. Le métier d’horloger a été déterminant dans cette conquête de la maîtrise de l’environnement.

À la découverte du temps

Le premier « outil » est certainement le gnomon, simple bâton planté dans la terre, obélisque pour les plus riches, puis le cadran solaire. La clepsydre ou le sablier ont l’avantage de pouvoir être utilisés la nuit et à l’intérieur.

L’apparition de l’horloge mécanique daterait du Xe siècle, elle aurait été conçue par le moine, Gerbert d’Aurillac, réputé pour son érudition scientifique. C’est également lui qui a introduit les chiffres arabes. Vers 1090, les Chinois ont construit une horloge astronomique en métal à entraînement hydraulique capable d’indiquer la position des constellations.

Les siècles suivants se sont émaillés d’évolutions technologiques qui ont permis d’améliorer la fiabilité et le poids des instruments de mesure du temps. Le cuivre a remplacé le fer pour la fabrication des rouages, évitant la rouille. Le ressort à spirale se substituant au contrepoids a rendu possible la conception des pendules puis des montres.

L’avènement de l’horlogerie suisse

En France, l’horlogerie s’est développée dans l’arc jurassien. Mais un événement extérieur à l’activité va provoquer une migration importante des professionnels. En octobre 1685, Louis XIV révoque l’édit de Nantes signé par son grand-père Henri IV et la chasse aux protestants s’engage, elle est brutale. Les artisans huguenots quittent massivement la France pour aller se réfugier à Berlin, Londres ou Genève. La fuite des cerveaux va porter un coup fatal à l’industrie horlogère française permettant la suprématie de la Suisse.

La plupart des artisans réfugiés sont très talentueux, ils apportent de grandes connaissances propres à la création de l’industrie horlogère suisse.

Jean Calvin, réformateur genevois, soigne particulièrement l’accueil de tous ces émigrés augmentant ainsi le nombre de ses partisans. L’interdiction faite de porter des objets décoratifs sur soi va pousser les orfèvres vers l’horlogerie de luxe genevoise.

Il faudra attendre 1854 et la création de Waltham aux USA pour voir le développement de machines et de systèmes de production standardisés pour fabriquer des horloges, des montres à goussets et des chronomètres.

La montre bracelet, une innovation

En 1904, Louis Cartier, un des petits-fils du fondateur de Cartier SA, la société française de luxe, crée la première montre spécifiquement conçue pour être portée au poignet.
Les découvertes technologiques vont se succéder jusqu’à nos jours rivalisant d’ingéniosité et d’audace dans la miniaturisation.

Avec l’apparition de la montre électronique à quartz, l’industrie horlogère japonaise a réussi à conquérir d’importantes parts de marché avec un relais vers la Chine.
Le métier d’horloger aujourd’hui est intimement lié au luxe et à la joaillerie, mais on sent un regain d’intérêt pour les montres mécaniques.

Concernant les horloges anciennes monumentales que l’on peut admirer un peu partout dans le monde, elles évoquent toujours l’inventivité, la précision des gestes et l’amour du métier. Nous restons admiratifs devant tant de beauté.

Yolande Bachelier