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La bande dessinée sort de sa bulle

Longtemps considéré comme un genre mineur réservé aux (grands) enfants, le neuvième art s’est emparé depuis quelques années des sujets sérieux. Et ça marche. Portrait d’une bande dessinée en pleine mutation, devenue œuvre historique, littéraire, scientifique, journalistique et bien plus encore.

Fini le temps où le rayon bande dessinée n’était qu’un ersatz du rayon jeunesse, relégué au fond du magasin et réservé aux enfants ou à quelques initiés. Au Furet du Nord de Lille - l’une des plus grandes librairies d’Europe - il a récemment investi le très passant et très vaste premier étage. Et il ne désemplit pas. « C’est un phénomène que l’on constate partout. On n’imagine plus une librairie généraliste sans rayon bande dessinée. Ce n’était pas le cas il y a dix ans », se réjouit Frédéric Potet, spécialiste bande dessinée au journal Le Monde.

De BD à roman graphique

« La bande dessinée est longtemps restée cantonnée au registre enfantin. » Aujourd’hui, Astérix ou Spirou ne se pavanent plus seuls en tête de gondole. Les héros de l’école « franco-belge » partagent leurs étagères avec ce qu’il convient d’appeler les romans graphiques : des ouvrages souvent plus petits, plus épais et plus chers que les bandes dessinées de notre enfance. « La différence majeure, c’est l’ouverture au réel », précise Frédéric Potet. Et ça cartonne. « On voit apparaître des genres jamais traités en bande dessinée : le reportage, le témoignage, le documentaire, la biographie, mais aussi des essais, des collections de vulgarisation en sociologie… », égrène le journaliste.

Une autre façon de lire l’Histoire

Des horreurs de la Grande Guerre dans C’était la guerre des tranchées ou Putain de guerre, de Jacques Tardi avec l’historien Jean-Pierre Verney (Casterman), à celles de la Seconde Guerre mondiale dans la trilogie La Guerre d’Alan d’Emmanuel Guibert (L’Association), en passant par la guerre civile Espagnole dans L’Art de Voler et L’Aile Brisée d’Antonio Altarriba et Kim (Denoël Graphic), ou la vie d’Olympe de Gouges de Catel et Bocquet (Casterman) : les récits graphiques font la part belle à l’Histoire.

Mais les bulles se mettent aussi à la littérature. En témoignent les très belles adaptations du Rapport de Brodeck de Philippe Claudel par Manu Larcenet (Dargaud) et celle du Goncourt 2014, Au-revoir là-haut de Pierre Lemaitre par Christian de Metter (Rue de Sèvres).

De voir l’actualité

Reportage, enquête, témoignage… Le journalisme s’illustre aussi. C’est dans l’actualité que nombre d’auteurs puisent désormais leur inspiration. Parfois, ils s’associent avec des journalistes pour rendre compte d’événements sous forme de récits graphiques. Un univers bien éloigné de celui de Tintin reporter.
Depuis 1991, France Info attribue un prix de la bande dessinée d’actualité et de reportage à ces récits denses et fouillés sur des sujets souvent complexes. Parmi eux : l’affaire Clearstream, racontée par Denis Robert et Laurent Astier dans L'Affaire des affaires (Dargaud), la tuerie de Charlie Hebdo et ses conséquences dessinées par Luz dans Catharsis (Futuropolis), l’Iran et sa révolution racontés par Marjane Satrapi dans Persépolis (L’Association) ou les années de plomb de la cinquième République décrites par Etienne Davodeau et Benoit Collombat dans Cher pays de notre enfance (Futuropolis), qui a reçu le Fauve d’Or à Angoulême en 2016.

Un style à (re)découvrir

Les revues d’actualité en bande dessinée elles aussi se multiplient. Depuis 2008, XXI y consacre chaque trimestre une quinzaine de pages. Et voilà trois ans que La Revue dessinée en publie 120 pages tous les trois mois.

« La combinaison de deux langages - le dessin et le texte - s’avère d’une richesse narrative et pédagogique très grande pour traiter tout un tas de sujets. Elle amène des gens qui n’étaient pas amateurs de bande dessinée vers le roman graphique », note Frédéric Potet. Dans certains cas, le dessin comble une absence d'images. Dans d'autres, il offre un point de vue inédit, loin des clichés officiels, qui séduit un public toujours plus nombreux.

Notons le succès de la trilogie L’Arabe du futur (Allary), où Riad Sattouf raconte son enfance en Syrie et qui s’est écoulée à plus d’un million d’exemplaires. La Présidente (Les Arènes BD), un récit de politique fiction où François Durpaire et Farid Boudjellal imaginent une France traumatisée dirigée par Marine Le Pen, s’est lui déjà vendu à plus de 130 000 exemplaires. « Et à chaque fois, il s’agit de lecteurs qui bien souvent ne connaissent pas bien les classiques de la bande dessinée. Un vrai phénomène. »

Camille Drouet

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