Le nouveau président veut aussi engager sa grande réforme des retraites. Elle n’est guère originale, elle s’inspire du régime mis en œuvre en Suède depuis 1998. C’est la fameuse retraite par points. Un système universel selon Emmanuel Macron qui permettrait « qu’un euro cotisé donne les mêmes droits quelque soit le moment où il a été versé, quelque soit le statut de celui qui a cotisé ». il ajoute que cette réforme ne changera rien à la situation actuelle et qu’il n’y a aucune baisse des pensions à craindre. C’est faux.
Dans le système par points la pension est calculée en multipliant le nombre de points acquis par le salarié au moment où il prend sa retraite par la valeur du point à ce moment. Dans ce système il n’est plus possible pour le salarié et futur retraité d’anticiper le taux de remplacement. En outre, dans ce système le calcul de la pension va dépendre non seulement de l’âge de départ à la retraite mais également de l’espérance de vie moyen correspondant à la génération du salarié. Retenir comme critère la moyenne d’espérance de vie pour établir le montant d’une pension va conduire à de profondes injustices.
Ainsi pour les femmes dont l’espérance de vie est plus longue que celle des hommes mais dont les parcours professionnels sont souvent précaires et discontinus, leurs pensions seront particulièrement pénalisées.
Selon une méthode libérale éprouvée, rien n’obligera le salarié à partir plus tard à la retraite. Emmanuel Macron peut proclamer que la réforme ne touchera pas à l’âge de départ à la retraite. Ce sera le choix du salarié : travailler plus longtemps ou percevoir une pension réduite. Pour mémoire des Suédois se voient contraint de travailler jusqu’à 75 ans pour pouvoir bénéficier d’une pension à peu près convenable. Le Premier ministre suédois déclarait en février 2012 que les actifs devraient travailler jusqu’à 75 ans s’ils voulaient bénéficier du même niveau de retraite qu’en 2011…
Affirmer qu’un euro cotisé donnera les mêmes droits pour tous les salariés est pour le moins un excès de langage ! En réalité les fluctuations de la valeur du point et le différentiel des espérances de vie va rendre incertain le montant des pensions et différer selon les individus. Cette individualisation des régimes de retraite signifierait la fin d’une conception solidaire des rapports entre générations et entre salariés et retraités. La fin du modèle de retraite par répartition à prestations définies auquel une large majorité de Français est attachée.
Résister et empêcher la réforme Macron doit pouvoir s’appuyer sur cette majorité d’hommes et de femmes qui pour une petite part d’entre eux ont certes voté pour Emmanuel Macron mais certainement pas pour ce projet de réforme. Et les retraité-e-s sont solidaires des salarié-e-s pour défendre notre système de retraite par répartition, indexer le calcul des pensions sur l’augmentation du salaire annuel moyen les salaires et fixer un minimum retraite à 1800 €, soit le SMIC actuel revalorisé.
Plus de 400 000 retraité-e-s en France travaillent pour subvenir au minimum de leurs besoins. La réforme Macron risque fort, si nous ne la mettons pas en échec, de généraliser cette situation. Le candidat E. Macron avait adressé une lettre aux retraités et à leurs organisations, censée exprimer tout le bien qu'il pensait des retraités et valoriser ses propositions.
La réponse des neuf organisations de retraité-e-s est une première étape, d’autres suivront pour répondre au président Macron.
Pascal Santoni
Photo de Une : extrait d'une émission de France 2
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