La manne est trop bonne. Les financiers, toujours plus avides de rentabilité, ont cédé à la tentation de transformer nos services publics. Pour eux le gain est net. Pour les usagers, aujourd’hui devenus à leur insu des clients, c’est une perte sèche. À moins d’avoir les moyens.L'enquête de Vie nouvelle...
Le service public des postes et télécommunication date de la fin du XIXème siècle. Les PTT se modernisent avec les moyens de locomotions, les techniques de bureautique et de téléphonie pour remplir leur mission de service public.
Mais c’est sans compter avec le plan de démantèlement de l'administration des PTT fomenté en catimini. En 1990, ils passent du statut d'administration à celui d'établissements publics industriels et commerciaux. D'un côté La Poste, de l'autre France Télécom qui sera privatisée en 2004. Ensuite, l'ouverture à la concurrence pour les lettres de plus de 350g est votée et la Banque Postale est créée.
Malgré le succès de la votation organisée par la Cgt pour faire s'exprimer les Français sur la privatisation de leur service public, le 22 décembre 2010, le parlement a voté le texte transformant La Poste en société anonyme à capitaux publics. La moitié des actions est détenue par l'État, mais jusqu'à quand ?
On ne peut qu'être révoltés devant ce pillage des richesses nationales par la finance internationale avec la complicité des élus du peuple.
D’autant, qu’en parallèle, les services ne cessent de se dégrader pour les usagers-clients. De nouvelles missions sont attribuées aux personnels. Souvent payantes, elles n’ont rien à voir avec les services qui leur incombent normalement.
À l’exception de quelques réussites que sont parfois les lignes de tramway dans cer-taines villes, nous assistons à une dégradation continuelle du service public des transports. On a fait le contraire de ce qu’il convenait de faire dans ce secteur.
Certes, les lignes de TGV ont réduit le temps de trajet entre Paris et plusieurs villes de province. Mais les sommes que la SNCF y a consacrées ont conduit à un sous-investissement dramatique dans le réseau secondaire de transport des voyageurs et des marchandises. Le trajet domicile-travail par le train se fait dans des conditions de plus en plus dégradées. Mais la situation serait pire si les budgets régionaux n’avaient pas largement contribué au renouvellement des véhicules utilisés par la SNCF ces dernières années.
Toutefois, la plus importante dégradation concerne le fret ferroviaire. Faute d’un en-tretien suffisant du réseau, de plus en plus de transports de marchandises passent du rail à la route, alors qu’il faudrait faire le contraire pour réduire le bilan carbone dans ce secteur.
En milieu rural, la voiture individuelle devient de plus en plus indispensable et coûteuse pour se rendre au travail, aller chez le médecin, le pharmacien ou à la grande surface.
C’est M. Hulot, ministre de l’Environnement qui a affiché la couleur au mois de juillet dernier : le gouvernement va s’attaquer au fondement du service public de l’électricité et du gaz en choisissant de mettre fin aux tarifs réglementés et en réclamant la privatisation des barrages avec la mise en concurrence.
L’ancien de TF1, désormais ministre d’État, a multiplié les annonces avant de partir en vacances : fermeture de 25 réacteurs dans le nucléaire, fin de la filière thermique (charbon, gaz), vente aux spéculateurs privés des barrages hydroélectriques. On se demande comment les Français vont s’éclairer et se chauffer… Pour la FNME-CGT, il s’agit en fait d’une attaque ciblée contre le service public de l’énergie et qui peut poser deux questions :
⇒ Comment choisir la fin des tarifs règlementés quand l’ensemble des associations de consommateurs en France y sont opposées ? S’agit-il du fait du prince ou d’un adoubement de l’ultralibéralisme européen revendiquant cette mesure ? Un tel choix ne ferait qu’accroître la précarité.
⇒ Comment choisir la vente des barrages au secteur privé quand les fédérations syndicales françaises et européennes, attelées à la mobilisation des salariés et à celle des collectivités locales, ont fait reculer l’injonction de la Direction générale de la concurrence de Bruxelles depuis plus d’un an et demi !?
A suivre : l'hôpital, les services de proximité, les télécommunications
"Comment détruire un service public ?
Commencez par baisser son fianancement. Il ne focntionnera plus. Les gens s'énerveront. Ils voudront autre chose. C'est la technique de base pour privatiser un service public"
Noam Chomsky
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis