Pourquoi les médias pourtant à la détente facile concernant le Venezuela et Cuba se limitent à évoquer des « fraudes supposées » lors des récentes élections ? Pourquoi aucune émotion, aucune protestation, aucune indignation face à la répression de masse, à la corruption, à la violence d’Etat ? Ne serait-ce pas parce que le Honduras est une chasse gardée des Etats-Unis ?
Selon plusieurs sources, au cours des dix dernières années, près de 300 syndicalistes, militants associatifs, dirigeants de l’opposition, journalistes, avocats ont été assassinés au Honduras. Le président élu Zelaya, un homme de droite, a été destitué en 2009 sur ordre de Washington pour la simple raison qu’il souhaitait plus de souveraineté pour son pays. L’Union européenne, les « démocraties » de notre continent n’ont trouvé rien de contestable à un tel acte, comme elles ne prêtent aucune attention aux crimes quotidiens commis par les groupes paramilitaires aux ordres de l’oligarchie locale.
Ramon Garcia était un des principaux leaders de la formation « Unification démocratique ». Il rentrait d’une manifestation dans un bus lorsque des cagoulés l’ont obligé à descendre du véhicule avant de l’abattre de plusieurs balles.
Un autre exemple : celui de Berta Caceres, militante écologiste. Elle menait une action contre la construction du barrage d’Agua Zarcan, sur la rivière Gualcarque, dans le nord-ouest du Honduras. Elle avait reçu de nombreuses menaces de mort. Il y a deux ans, elle a été criblée de balles devant sa maison.
La droite ultra hondurienne est entre les mains depuis très longtemps des Etats-Unis. Ce n’est pas le peuple du Honduras, deuxième producteur de bananes dans le monde, qui profite de sa richesse nationale. « Chiquita », ex-United Fruit, rafle la presque totalité des exportations.
Le Honduras, c’est une mortalité infantile record, l’interdiction de l’avortement puni de prison, une pauvreté massive, un nombre d’homicides volontairesen progression constante, un fort taux d’analphabétisme. Le candidat de la gauche a remporté les élections dimanche dernier. Comme vous l’ânonneront les médias français, il faut recompter car il y une « fraude supposée » reprenant ainsi bêtement et paresseusement une dépêche envoyée depuis le bureau de l’Agence France Presse (AFP) à Tegucigalpa connu pour ses relations amicales avec le pouvoir en place.
José Fort
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