Les meurtres en série sont trop souvent prétextes à tueurs machiavéliques que combattent des policiers géniaux. Les victimes, finalement, comptent pour peu. C’est l’exact contraire dans ce roman superbe de Marie Vindy, sans doute parce que l’auteure, loin de s’inscrire dans un « créneau porteur », entend se faire l’écho du cri silencieux des victimes.

Aussi, suit-on, sur les lieux mêmes d’affaires authentiques, le combat ingrat de femmes debout pour que les assassinats, les enlèvements, les disparitions, les violences ne finissent pas par sombrer dans l’oubli. Si le récit est âpre et dur, douloureux souvent, il ne témoigne d’aucune concession voyeuriste, d’aucune complaisance pour le sordide et les personnages, de l’avocate engagée à la journaliste faussement blasée, en passant par la déroutante Laurine, 11 ans, sont des êtres de chair, de sang et de sentiments dont la créatrice excelle à montrer la faiblesse et la force. Un roman bouleversant, à l’écriture d’une simplicité savante.

Roger Martin

Justice soit-elle, Marie Vindy, édition Plon, Sang Neuf, 16€.