Après avoir boudé les médias, ses ministres et ses commentateurs agréés faisant le boulot, Emmanuel Macron nous a infligé près de 3h d'entretiens plutôt complaisants diffusés en boucle tout le week end. Un signe de fébrilité qui contraste avec une posture "chef de guerre droit dans ses bottes" peu convaincante.
Après la mise en scène d'un président interrogé dans la salle d'école d'un petit village de province, censé symboliser sa proximité avec le peuple de la campagne, le président s'est payé deux heures d'autopromotion avec BFMTV et Médiapart.
Entretemps il y a eu les bombardements en Syrie, opérés sans mandat de l'ONU et la veille de la visite d'une commission d'enquête sur les bombardements chimiques auxquels aurait procédé le régime Syrien. Au delà de la légitimité des raisons qui fonderaient cette action de représailles, l'utilisation de produits chimiques contre la population, le fait que 3 pays s'arrogent le droit d'intervenir militairement sans mandat explicite de l'ONU peut être lourd de conséquences. N'importe quel pays pourrait désormais s'exonérer du mandat de l'ONU pour agresser son voisin avec l'engrenage qui s'ensuivrait, hors de tout contrôle international.
Cette intervention pose un autre problème non moins grave. Emmanuel Macron qui se targue d'être un Européen à tout épreuve s'est affranchi de tout accord avec ses alliés Européens. Pire il se désolidarise de son principal allié : l'Allemagne qui a refusé de participer à l'opération "punitive". La France se retrouve donc dans cette affaire alliée aux Etats-Unis et au Royaume Uni qui a décidé de quitter l'Union Européenne.
Enfin il reste à évaluer le coût pour le budget de la France d'une telle opération, quand le gouvernement ne cesse d'invoquer le vide des caisses de l'Etat pour justifier la moindre des dépenses sociales !
Au vu de la contestation généralisée de sa politique économique et sociale en France, le président de la République pouvait espérer conserver un minimum de crédibilité sur le plan de sa politique extérieure. C'est compromis.
Sur le plan intérieur, dans son entretien de 2h30 sur BFMTV, le président a dû convenir qu'il y avait de la colère en France. Mais pour répéter aussitôt qu'il n'en tiendra aucun compte, son intention est "d'aller jusqu'au bout". Attitude martiale qui peut séduire sur les champs de bataille mais pas vraiment ceux qui attendent une amélioration de leur situation.
Le 19 avril sera l'occasion de lui rappeler qu'il n'en a pas fini avec la hausse de la CSG, la réforme de la SNCF, la réduction du nombre de fonctionnaires, les fermetures d'entreprises, les licenciements dans des grandes entreprises gavées aux exonérations fiscales, au CICE et autres "flat taxe".
Pascal Santoni
Le tract des retraité-e-s CGT pour le 19 avril
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