Le gouvernement a renoncé à supprimer l’exonération des charges accordée depuis 1987 aux retraités de 70 ans et plus qui emploient une aide à domicile. Un revirement soudain qui confirme la crainte que lui inspire le mécontentement des retraités. Raison de plus pour poursuivre nos actions.
C’est à New York, lors de l’Assemblée générale de l’ONU qu’Emmanuel Macron a annoncé « avoir donné le feu vert au gouvernement pour conserver ce dispositif », et il a même déploré une mesure "à l'impact négatif". Et comment transformer un recul en valorisant son action : « Le gouvernement a tiré les conclusions pertinentes des réactions légitimes et des analyses qui découlaient des premiers échanges. Donc les choses sont claires, en bon ordre et dernière nous », s'est-il félicité. "C'est ça l'acte II, ça s'appelle le pragmatisme". Nous allons l'aider à être plus pragmatique encore. En supprimant la hausse de la CSG pour tous les retraités et en revalorisant nos pensions !
Mais il ne s’agit aucunement d’une erreur de parcours. Prélever sur les pensions des ressources pour financer, hier les cadeaux faits aux plus riches, aujourd’hui une baisse des impôts pour les couches moyennes, est toujours d’actualité.
La porte-parole du gouvernement n’a en effet pas hésité à travestir la réalité pour expliquer la suppression de l’exonération fiscale acquise pour les plus de 70 ans. Elle a en effet évoqué l’utilisation par des retraités de cette aide pour des « travaux de jardinage » pour justifier une mesure de « justice sociale » pour « ceux qui en ont vraiment besoin »…
Or, seuls 4% des bénéficiaires de l’exonération font appel à des professionnels pour entretenir leurs jardins. Ils sont 43% à recourir à une aide à domicile pour le ménage, la vaisselle ou la lessive, ou 19% pour la toilette et l'habillement.
Et que dire de la démagogie des propos d’un des auteurs de la mesure : «Donner plus d’argent à des retraités qui paient l’impôt sur la fortune pour payer leur jardinier, qu’à une mère célibataire pour payer la nounou, c’est totalement injuste et c’est le système actuel.». Comme si ce gouvernement n'avait pas privilégié les plus riches en supprimamnt l'impôt sur la fortune !
C’est bien la crainte que cette mesure provoque un mécontentement supplémentaire qui a conduit Emmanuel Macron à annoncer son abandon, au moment où il tente d’imposer la réforme des retraites. Mais il n'a pas renoncé à vider les poches des retraités...
La pension de réversion est perçue par 4,4 millions de retraités, dont 89 % sont des femmes. L’âge à partir duquel on peut toucher la pension de réversion est aujourd’hui de 55 ans. Si le rapport Delevoye sur la réforme des retraites était adopté et la loi mise en œuvre, le droit de percevoir cette pension passera à 62 ans, soit un recul de 7 ans !
Cette pension représente une ressource vitale pour de nombreuses femmes dont le conjoint est décédé, d’autant que les pensions de retraite des femmes sont en moyenne inférieures de 25 % à celles des hommes. Et seuls les couples mariés, pas les couples pacsés, peuvent bénéficier des pensions de réversion.
L’action des retraités a obligé Emmanuel Macron à reculer par trois fois, sur la CSG et sur l’exonération fiscale pour l’aide à domicile. Son acharnement à vouloir amputer les pensions de retraités, pour compenser les cadeaux généreusement consentis aux plus riches, sans aucun effet promis sur l’activité économique et sur l’emploi, doit être mis en échec.
Le 8 octobre les neuf organisations de retraités appellent à des rassemblements et des manifestations dans tous les départements. C’est précisément ce que redoute Emmanuel Macron et son gouvernement. Faisons la démonstration qu’il a bien raison de redouter la colère des retraités.
Pascal Santoni
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis