Sarah, 22 ans, étudie la biochimie à Lille. Cette Saoudo-marocaine s’accroche à son rêve de devenir chercheuse… loin de sa famille. Elle témoigne de la situation inadmissible faite aux étudiants.
Elles sont terribles à voir ces files d’attente interminables d’étudiants devant les banques alimentaires, effroyables ces infos sur les suicides dans les campus. Selon l’enquête La vie d’étudiant confiné, publiée par l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) en juillet 2020, les étudiants étrangers, par l’éloignement de leur famille et leurs conditions de vie et de travail plus précaires, apparaissent comme les grands perdants de la crise sanitaire.
Sarah en est un parfait exemple. Saoudo-marocaine, elle est en deuxième année de biochimie à l’université de Lille (Nord) et souhaite s’orienter vers la neurochimie pour traiter la dépression, la bipolarité ou la schizophrénie. On la sent passionnée par ses études, même s’il lui faut bien du courage pour les poursuivre. « Ce domaine est assez nouveau en France, j’aimerais faire de la recherche. Ce qui nécessite au moins cinq ans d’études », explique-t-elle.
Pour payer la fac et son studio de 18 m2, elle travaillait dans un resto qui a fermé du fait de la crise, sans lui verser aucune indemnité. Du coup, elle s’est syndiquée au Séla (Syndicat des étudiants, lycéens et apprentis) CGT de la métropole lilloise.
Elle a, enfin, signé un contrat de 16 heures hebdomadaires comme caissière à Auchan. « Je fais des heures supplémentaires pour arriver à payer mes factures et donc je tourne autour de 20 à 25 heures par semaine en ce moment. » Avec le couvre-feu et la fermeture des magasins à 19 heures, Sarah est obligée de travailler pendant ses heures de cours : « déjà que ce n’est pas simple de suivre les cours en distanciel, là c’est encore plus difficile », lâche-t-elle, les larmes au bord des yeux.
Le plus dur pour elle, ce n’est pas de concilier travail et études, mais de « ne pas avoir une vision claire pour le futur ». « Ça sert à quoi ce que je fais ? »
Beaucoup de ses amis ont abandonné leurs études pour entrer dans l’armée ou pour travailler à temps complet. Elle, elle s’accroche, loin de sa famille qu’elle n’a pas vue depuis deux ans. On lui souhaite de réussir.
Au-delà des mesures ponctuelles du Gouvernement pour faire face au désarroi étudiant (deux repas par jour à un euro, soutien psychologique), la Cgt exige des actions plus pérennes. Ainsi, parmi les 12 revendications pour sortir les jeunes de la précarité, la Cgt revendique l’instauration d’un revenu d’insertion à hauteur de 80% du Smic afin de permettre aux jeunes de sortir de la précarité, d’éviter les petits boulots et de se consacrer à leurs études, mais aussi l’augmentation du nombre de logements étudiant Crous.
Le Séla-CGT demande également la réouverture des facs avec l’embauche de personnels pour le dédoublement des cours, la gratuité des restaurants universitaires et des transports, l’augmentation des bourses et leur élargissement au plus grand nombre.
Comme le déclarait Yannis Dumon du Séla-CGT de Lille, le 20 janvier dernier, lors d’un rassemblement devant le siège de l'Université lilloise : « aujourd’hui, avoir vingt ans, ce n’est pas la même chose qu’il y a trente ans… »
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis