Le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille expose jusqu’au 29 août 160 dessins d’enfants témoins de la barbarie depuis le début du siècle dernier.
Zérane S. Girardeau est la fondatrice de l’association Déflagrations et de son projet de recherche, de création et de sensibilisation sur plus d’un siècle de dessins d’enfants dans les guerres et crimes de masse. Elle est commissaire de cette nouvelle exposition dont le but est de montrer au public ce que les enfants des guerres ont su créer dans les pires conditions.
Face à la guerre interminable en Syrie, elle exprimait ainsi sa motivation : « J’ai senti, comme tout le monde, ce risque de l’habitude dans ce temps long de la guerre qui s’acharne, le risque de la distanciation, peut-être même de la “déréalisation”... quand la barbarie finit par se transformer en un bruit de fond lointain qui disparaît de la Une de nos journaux. »
Les dessins des enfants nous invitent à garder les yeux ouverts. Le projet Déflagrations et l'exposition du Mucem sont soutenus par des organisations internationales (UNHCR, Unicef) et des ONG (Médecins Sans Frontières, Human Right Watch, SOS Villages d'Enfants...). Des artistes, des écrivains, des chercheurs, des reporters de guerre et des juristes accompagnent ces dessins d'enfants déposés dans l'histoire, en particulier la marraine et le parrain du projet, l’anthropologue-ethnologue Françoise Héritier (récemment disparue) et le célèbre artiste et dessinateur de bandes dessinées, Enki Bilal.
Yvon Huet
Photo de Une : Enki Bilal, Six artistes pour traduire l’horreur, 2020. Interprétation-montage réalisé par Enki Bilal, avec intégration de quatre dessins d’enfants des guerres à partir de Guernica de Pablo Picasso, 1937, huile sur toile, 3,93 x 7,76 m © Enki Bilal, avec l’aimable autorisation de Picasso Administration.
2- Garçon de 13 ans, son village au Darfour a été attaqué par l’armée soudanaise et les milices janjawids, en 2003, quand il avait 9 ans, juin/juillet 2017 © Courtoisie : Waging Peace.
3. Wadad Ramadan, fille de 13 ans au lycée Fakhreddine, à Beyrouth, au Liban, début des années 1980. © Extrait de : Seta Manoukian, Les Enfants libanais et la Guerre, éditions Dar Al-Farabi.
4. Garçon syrien de 8 ans, réfugié à Irbid en Jordanie, centre de santé mentale MSF 2017 © Courtoisie : Médecins sans Frontières. L’enfant a dessiné son rêve du retour : « Nous revenons dans notre pays. Je me souviens de la porte de ma maison. Elle était bleue. Je suis dans la voiture avec toute ma famille. »
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Un catalogue Dessins d’enfants et violences de masse est édité par le Mucem et Liénart (29€).
Pour plus d’informations : zerane@gmail.com
Exposition Déflagrations, dessins d’enfants et violences de masse, Mucem - Fort Saint-Jean - 13001 Marseille, bâtiment Georges Henri Rivière, jusqu’au 29 août 2021.
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