La loi Travail suscite de plus en plus de rejet parmi les…travailleurs qu’ils soient en activité, en formation ou à la retraite. De la RATP aux retraités en passant par les organisations de jeunesse, des dates de mobilisations sont annoncées. Le mouvement social est-il en train de se construire ?
L’intersyndicale qui s’est tenue à l’initiative de la CGT le 23 février à Montreuil a réuni l’ensemble des confédérations du pays à l’exception de la CFTC : CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires et UNSA, et trois organisations de jeunesse : FIDL, UNEF et UNL. Un communiqué commun en est issu signé par toutes les organisations présentes sauf FO.
Toutes ne portent pas la même appréciation sur le contenu du projet, mais toutes constatent les dangers du texte. La CGT a proposé de décider d’une journée interprofessionnelle d’action le 31 mars, seules FIDL, FO, FSU, SUD, UNEF et UNL ont soutenu la proposition. La CGT, qui demande avec FO le retrait du texte, a maintenu sa proposition et une réunion se tiendra le 3 mars pour décider des modalités de cette action. Ce même jour l’intersyndicale se réunira pour poursuivre les discussions engagées le 23 février.
Depuis, la pétition contre la loi El Khomri a dépassé hier les 900 000 signataires. Les syndicats de la RATP et des cheminots appellent à une grève le 9 mars sur leurs revendications. C’est le jour qu’ont choisi 20 organisations de jeunesse pour manifester leur opposition à la loi Travail. Le 9 mars s’annonce comme une journée de forte mobilisation.
Le 10 mars les retraité-e-s, à l’appel de neuf organisations, six syndicats et trois associations, se tiendront dans la plupart des départements des rassemblements pour demander la revalorisation d leur pouvoir d’achat.
Le 12 mars 150 organisations regroupées dans des collectifs « Nous ne cèderons pas » et « Stop à l’état d’urgence » appellent à une journée nationale de mobilisations pour lever l’état d’urgence et dire non à la déchéance nationale.
Le 15 mars le secteur social. Le 22 mars la Fonction publique. Le 23 la Poste...
Le gouvernement après avoir menacé d’utiliser le 49.3 à l’Assemblée Nationale pour imposer la loi Travail a dû céder face à l’accumulation des protestations contre son projet de loi. La ministre du Travail Myriam El Khomri a reçu jeudi 25 février la CFDT et la CFE-CGC, après que le leader de la CFDT se soit livré à une critique plutôt tempérée du texte et souhaité, non pas le retrait mais le report de la loi et qu’une période de négociation s’ouvre afin de faire évoluer le texte.
De nombreux commentaires émettent l’hypothèse que le gouvernement envisage de modifier les éléments les plus critiqués de son texte pour tenter d’obtenir l’accord des syndicats réformistes. En clair diviser le front syndical pour faire passer l’essentiel de son projet de démantèlement du Code du Travail.
Lundi le gouvernement a annoncé le report de la présentation du projet de loi au conseil des ministres, répondant à la demande de la CFDT, interlocuteur privilègié. Le Premier ministre a cependant déclaré qu'il recevrait dans une semaine l'ensemble des partenaires sociaux. Mais il a aussitôt ajouté, répondant à un journaliste qui lui demandait si ce délai devait permettre de corriger les erreurs du projet, "Je ne parle pas d'erreurs, il faut lever les incompréhensions et corriger ce qui doit l'être". Il a conclu en assurant que le projet «pourra être voté comme prévu au mois de mai». Classique : le projet est bon mais il n'est pas compris...
La CGT a réagi dans un communiqué à l'annonce du report, elle maintient son objectif d'obtenir le retrait du projet et appelle ses organisations à se mobiliser et à se joindre aux manifestations du 9 mars.
Il n’est pas sûr que la manœuvre réussisse si le mouvement continue de s’amplifier.
Gardons cependant à l’esprit que la nocivité du projet est loin encore d’être perçue par l’ensemble des salariés et des retraités. Les campagnes successives sur la complexité du Code du Travail, les impératifs de la compétitivité, la réduction de la dette ont nourri une forme de résignation dans l’opinion.
Mais le climat social a quelque peu changé, les explications et les arguments sur les possibilités de concevoir autrement le travail, le redressement de notre économie, la création d’emplois peuvent être entendus. Les différentes manifestations qui vont se dérouler dans les semaines qui viennent, vont alimenter le désir et la volonté de changer de politique et de faire émerger des solutions éloignées des exigences des marchés financiers et des politiques libérales.
Les retraité-e-s CGT y prennent toute leur part, en décidant d’une action unitaire le 10 mars, en la préparant activement par la diffusion massive de l’Adresse de la CGT aux retraité-e-s, l’Appel commun et le tract de l’UCR. Gageons qu’elles et ils seront nombreux aussi dans les différents rassemblements qui vont ponctuer les jours prochains.
Pascal Santoni
VOIR aussi l'article "Le gouvernement hors la loi"
Le texte du projet gouvernemental publié dans le journal L'Humanité
Selon un sondage BVA pour Orange et ITélé diffusé dimanche :
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