Ce long week end aura été l’occasion via les médias de tenter de déstabiliser l’opposition grandissante à la loi dite Travail. L’imagination n’étant guère l’apanage des politologues attitrés, on retrouvait d’une chaîne à l’autre deux arguments qui justifieraient le coup de force. Photo : Allaoua Sayad
Premier argument. Le projet a évolué, il a été largement amendé au point que le Médef lui-même ne le soutient plus. Si, malgré les changements qu’a subi le projet, les opposants continuent de vouloir son retrait c’est qu’ils sont instrumentalisés à des fins politiciennes : conforter une candidature de la gauche radicale aux prochaines élections présidentielles.
Dès qu’il s’agit d’évacuer le débat de fond on invoque les tactiques politiciennes. Mais tout dans ce mouvement, des grèves aux manifestations en passant par les Nuits debout, démontre que les manœuvres politiques sont le dernier des soucis de celles et ceux qui, en toute connaissance de cause et en toute conscience ne veulent pas de cette loi. D’ailleurs si c’était le cas comment expliquer l’acharnement du gouvernement à vouloir imposer de force une loi qui à l’évidence va à l’encontre de l’opinion majoritaire en France.
Deuxième argument récurrent. Les Français sont rétifs aux réformes. Réformes qui sont pourtant essentielles pour relancer l’emploi à l’instar de ce qu’ont fait nos voisins Allemands ou Italiens. Nous avons déjà montré que contrairement à ces allégations la situation de l’emploi en Allemagne n’est guère enviable, car le chômage est masqué par la précarisation généralisée des emplois et en Italie la création d’emplois est due à une manipulation des chiffres du chômage.
Le 17 mai à Paris
Si les salariés Français résistent aux réformes que les différents gouvernements ont tenté de leur imposer n’est-ce pas tout simplement parce qu’ils sont parfaitement conscients qu’elles ne répondent ni à leur intérêt ni à celui de l’emploi et de l’économie du pays.
Le plus grand paquebot du monde vient d’être lancé depuis les chantiers de Saint Nazaire et tout le monde s’en félicite. Pourtant ne nous avait-on pas dit et répété que la mondialisation rendait notre industrie non-compétitive ? Si les salariés et la CGT en particulier ne s’étaient pas mobilisés pour conserver les chantiers navals et leurs emplois, nous ne fêterions pas ce grand succès de l’industrie navale Française. Il en est de même pour les réformes, si les gouvernements souhaitent vraiment des réformes utiles et d’avenir ils devraient consulter et écouter les salariés et leurs syndicats.
Mais s’ils ne le font pas c’est qu’ils ne le veulent pas ou plutôt ils ne souhaitent pas d’autres propositions que celles qu’ils ont décidé de mettre en œuvre : le libre épanouissement de la financiarisation de nos économies, qui pourtant enfonce chaque jour un peu plus la France, l’Europe et le monde même dans un chaos inédit.
Rien dans l’évolution du texte n’a mis en cause sa philosophie initiale : démanteler le code du travail, maintenir l’inversion de la hiérarchie des normes pour faire prévaloir les accords d’entreprises sur les accords de branches et sur la loi, affaiblir la protection des salariés en les mettant à la merci des exigences des actionnaires des entreprises plus soucieux de leurs dividendes que des investissements nécessaires. Affaiblir les syndicats les plus représentatifs en permettant aux syndicats minoritaires de déclencher des référendums qui permettent de contourner les positions des syndicats majoritaires.
Pire : il n’est pas exclu que les amendements que retiendra le gouvernement aggraveront encore les effets du texte. Des amendements déposés par deux députés socialistes prévoient en effet de légitimer « l’ubbérisationdu travail » et ainsi d’atomiser le travail et l’emploi. Ces amendements prévoient que le code du Travail ne s’appliquerait pas aux « travailleurs utilisant une plateforme de mise en relation par voie électronique ». C’est une attaque en règle contre le statut de salarié et contre les protections dont ils bénéficient.
Ni instrumentalisés, ni opposés par principe aux réformes, les salariés, la plupart des syndicats, la majorité des Français ont toutes les raisons d’exiger le retrait du projet de loi dit Travail.
Ni les campagnes de dénigrement, ni la répression féroce et les provocations n’affaibliront le mouvement car il prend conscience de sa puissance et de son unité dans la diversité des situations et des revendications.
Pascal Santoni
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Mardi 17 mai : Nouvel et important élan de mobilisation
Voir le communiqué de la Cgt
La carte des mobilisations
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Pour ceux qui ont raté Philippe Martinez en direct sur France 2
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