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Loisirs › Bien manger

Pause gourmande. Une fraîche soupe de melon

Cucumis melo est le nom latin de cette cucurbitacée qui s’invite dans nos assiettes estivales. Seule ou accompagnée, elle nous ravit sous toutes ses formes pour sa fraîcheur et son goût rafiné.

Cucumis 

Dans son « Liber de cultura hortorum », un poème sur les plantes médicinales cultivées en son monastère de Reichenau dans les années 840, l’abbé Walafrid Strabon vantait en ces termes le melon : « C’est un délice dont la couleur et la saveur charment la faim du convive, un mets qui n’offusque pas les dents, mais qui se laisse manger facilement et, par ses qualités naturelles, entretient la fraîcheur dans les viscères » ! Cité par ce brave docteur Henri Leclerc dans son passionnant ouvrage paru en 1925 et si souvent plagié, Les Fruits de France, ces propos résument les sentiments qui m’animent lorsque paraît sur les étals ce symbole des beaux jours tout gorgé de soleil.

Mais d’où vient-il ?

Originaire, pour les uns d’Afrique, pour les autres du continent asiatique et pour les troisièmes d’Arménie, Mandchourie ou Caucase, ce cousin de la courge, du concombre, de la citrouille ou encore du cornichon était bien connu des Égyptiens qui s’en régalaient sur les bords du Nil. D’aucuns clament d’ailleurs que c’est de là qu’il aurait entrepris son périple vers l’Asie, via la Grèce, Rome, la Perse et l’Inde. À croire certains grimoires, il aurait été introduit sur nos tables par Charles VIII.
À défaut de victoire, ce jeune roi, que l’on disait affable, l’aurait ramené de sa piteuse expédition transalpine ! S’il est vrai que les moines en bichonnaient de délicieux dans la garçonnière papale de Cantalupi (d’où le nom de Cantaloup), Charlemagne en prescrivait déjà la culture dans son vaste royaume.

Mortel abus

Notre chéri n’a pourtant pas toujours eu bonne presse ! Accusé de tous les maux par plusieurs médecins, on le rendit même responsable du décès des empereurs Albert II et Frédéric III et de plusieurs souverains pontifes, au premier rang desquels Paul II et Clément VII. Il est vrai que les bougres en avaient abusé nettement plus que de raison et plus encore que cet empereur romain nommé Decimus Clodius Albinus qui en consommait dix à chacun de ses repas, des gros, avec ça, venant d’Ostie s’il vous plaît, suivis de cinq cents figues et de cent pêches !

Gourmandise réhabilitée

Jugé « froid, humide et putrescible », d’ensoutanés personnages le jugèrent tout de même bon à figurer dans les couvents estimant, comme l’affirmait un médecin, qu’il « comprimera les appétits charnels parce que leur ardeur sera combattue par la frigidité du melon »… Michel Eyquem de Montaigne ironisera pour sa part sur ces singuliers carabins qui « mangent le melon et boivent le vin frais cependant qu’ils tiennent leurs patients obligés au sirop et à la panade ». Bien des siècles plus tard, la pulpeuse et coquine marquise de Sévigné affichera, dans ses correspondances, outre ses phalliques envies, son attrait pour les melons qu’elle savourait en sa villégiature de Grignan. Philosophe s’il en est des Lumières, Voltaire louera de son côté ce « chef d’oeuvre de l’été » ! Quant à Alexandre Dumas, plus gourmand qu’un chanoine, il accepta de léguer ses ouvrages au bibliothécaire de Cavaillon en échange d’une rente annuelle de douze coquets melons…

Il se jauge au poids

Oscillant entre fruit et légume, cette cucurbitacée mérite tous nos égards. Qu’elle vienne du Haut-Poitou, de Charente ou de Provence, qu’elle soit lisse ou brodée, la choisir n’est pas chose commode. Dans le creux de votre main, elle se doit de peser aussi lourd que les fermes tétons de la polissonne Aphrodite ! Avec, autour du pédoncule, ce parfum vous faisant frissonner… Surtout ne pas attendre, la belle continuerait de mûrir.

Et se savoure frais

Dégustez la frappée, mais nullement glacée. Pour une entrée de saison, je recommande quelques jolies billes, des petits cubes, voire des brochettes, accompagnés de menthe fraîche. On pourra fort agréablement leur adjoindre chiffonnade de jambon cru, nos voisins de la Botte affirmant leur attirance pour le prosciutto di San Daniele ou di Parma, viande séchée, magret fumé, mais aussi gambas ou langoustines juste rôties. De croquantes feuilles d’endives, de romaine ou de roquette seront les bienvenues.

Au niveau des épices la modération s’impose. Je sais bien que des fripons escompteraient rallumer leurs flammes libertines en invitant cannelle, muscade, piment, gingembre et autre bois bandé… Reste qu’il serait des plus dommage de masquer les saveurs de ce melon que j’aime travailler dans une galante soupe.

Vous mixerez le mignon avec un peu de mangue, de la menthe, une virginale huile d’olive, quelques gouttes d’un citron, de Menton de préférence, une lichette d’eau à bulle et une pincée de ce poivre de Sichuan si cher à mon amie Josette ! Dans le verre, j’ose vous suggérer un de ces rosés lorgnant la Grande Bleue ou encore un muscat de Rivesaltes, Lunel ou Saint-Jean-de-Minervois.


Jacques Teyssier

 

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