Il y a 80 ans le Front populaire a permis d’importantes conquêtes sociales, que les luttes sociales depuis ont préservées et étendues contre les nombreuses tentatives du patronat et des gouvernements de les réduire. Enseignements d’un moment fort de l’histoire française et européenne.
L’histoire du Front populaire s’inscrit dans une période qui va de 1933 à 1938. À cette époque, le capitalisme mondial sort de la crise de 1929. Le chômage de masse a envahi toute l’Europe, la vague fasciste taraude partout la démocratie et la paix, de l’Italie à l’Allemagne en passant par l’Espagne. La nouvelle Union soviétique émerge. Encerclée et agressée depuis la révolution de 1917, elle se replie après d’immenses sacrifices tout en s’affirmant être une nouvelle puissance mondiale.
Le meilleur et le pire se côtoient dans un monde encore bien secoué par les effets d’une guerre sanglante qui a ravagé toute une jeunesse. Si le conflit de 1914-1918 est terminé, le bras de fer de la classe dominante, symbolisée par les 200 familles, avec le monde du travail qui aspire à sortir de la misère, lui, se durcit.
Le Front populaire de 1936 a été, après la Commune de Paris, à la fois une immense victoire et un immense espoir. Il n’a duré certes que mille jours. Mais si on prend en compte les avancées sociales et sociétales qu’il a permis à notre pays, il est toujours là, et bien là, dans l’expression des valeurs portées par ceux qui luttent et se rassemblent pour faire reculer les forces de l’argent et imposer le partage contre l’égoïsme.
12 janvier : programme du Rassemblement populaire soutenu par 9 organisations.
16 février : victoire du Frente Popular en Espagne.
2-5 mars : réunification de la Cgt à Toulouse.
3 mai : victoire électorale du Front populaire.
24 mai : 500 000 personnes honorent la Commune de Paris au mur des fédérés
7 juin : accords de Matignon.
11 et 12 juin : loi sur les conventions collectives, les congés payés, la semaine de 40 heures.
2 juillet : la scolarité est prolongée jusqu’à 14 ans.
14 juillet : grand défilé à Paris de 400 000 personnes jusqu’à la place de la République.
31 décembre : loi sur la conciliation et l’arbitrage dans les conflits du travail.
18 juillet : Franco organise le soulèvement contre la République espagnole.
7 août : le gouvernement choisit la « non-intervention » dans la guerre d’Espagne. Première ligne de fracture entre le PS et le PCF.
Du 22 au 30 octobre : premières tensions entre les partis du Front populaire, d’un côté les Radicaux qui trouvent que le gouvernement Blum va trop loin et de l’autre le PCF qui critique ses atermoiements.
Le 18 novembre 1936, Roger Salengro, alors ministre de l’Intérieur, se suicide à la suite d’une campagne calomnieuse de l’extrême-droite relayée à l’Assemblée nationale. Ce moment tragique est significatif de l’activité quasiment terroriste de la droite extrême de l’époque. Elle est confortée par le travail de sape du patronat et de chefs militaires, dont Philippe Pétain, qui ont tout fait pour affaiblir les moyens de l’armée et le pays.
Dans ce contexte, la non-intervention de la France pour soutenir la République espagnole a créé une énorme fissure au sein de l’alliance du Front populaire. Dans le même temps, le parti radical fera tout entre 1937 et 1938 pour freiner le train des réformes sociales. En conclusion du désenchantement, la chute du gouvernement Blum, le 8 avril 1938, sera suivie de la répression sauvage du gouvernement Daladier, le 20 novembre 1938, à l’encontre de l’appel à la grève générale de la Cgt pour abandonner la semaine de 40 heures.
Ce que l’on retient aujourd’hui, c’est l’intervention massive du mouvement populaire qui a certainement empêché une arrivée rapide du scénario catastrophe qu’ont vécu les Italiens, les Allemands et dans la foulée les Espagnols, dans le contexte de la préparation de la deuxième guerre mondiale. Les syndicalistes d’aujourd’hui ne peuvent que lui exprimer un profond respect.
Yvon Huet
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36 artistes fêtent les 80 ans des congés payés par une exposition itinérante d’art contemporain qui a été présentée à l’Assemblée nationale, du 17 au 20 juin.
Cet événement achèvera son périple du 9 au 11 septembre prochain à la Fête de l’Humanité après être passée par La Rochelle, Avignon, Thonon-les-Bain et La Ciotat. Un livre de 116 pages est dédié à cette initiative.
Les oeuvres seront vendues aux enchères permettant ainsi à des enfants de partir en vacances.
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La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis