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Rencontre avec Pierre Bonte, grand reporter de nos provinces

Il arpente la France depuis plus de 50 ans. Dans un livre qui vient de paraître il explique pourquoi il n’est pas pour cette nouvelle carte des régions qui, au nom d’impératifs politiques ou technocratiques, ne tient aucun compte des réalités humaines.

 "J’aime les gens ne veut rien dire, s’intéresser aux gens, c’est autre chose !"  Pierre Bonte


Bonjour Monsieur Pierre Bonte ! Comment allez-vous !

« Bonjour Monsieur le Maire », sur Europe 1, c’était en 1959… Il y a 57ans ! Je bouge trop ! Il faut que je me calme ! Je vais quand même sur mes 84 ans ! Je reviens d’un déplacement auprès des maires ruraux qui m’ont sollicité pour une initiative de leur très dynamique association. Pour 525 € mensuels d’indemnités payées par les habitants de la commune, ces hommes et ces femmes sont les véritables fantassins de la République, les gardiens d’un art de vivre à la française…

J’ai parcouru dans tous les sens cette France. Je mesure à partir de cette longue expérience combien cette réforme régionale est une erreur. Ses conséquences aboutiront à une sorte de collectivisme qui produira des structures de plus en plus larges dans lesquelles l’individu se noiera. À l’échelle des petites communes, dont le principe est aujourd’hui menacé par cette réforme des régions, tout le monde est connu et reconnu. Cette relation humaine disparaît dès que la structure administrative est plus large et que les centres de décisions s’éloignent des administrés. À la campagne, on se dit bonjour sans même se connaître parfois. Cette reconnaissance et ce respect-là sont importants par les temps qui courent, non ? ! 

Avez-vous quelque chose à voir avec votre homonyme Pierre Bonte, l’ethnologue récemment disparu ?

Non. Mais je reconnais faire de l’ethnologie à ma façon. Les gens m’intéressent. J’observe et je dis ce que j’ai vu. J’aime les gens ne veut rien dire. S’intéresser aux gens, c’est autre chose ! J’ai énormément appris auprès d’eux. Comme j’ai ce respect pour les gens, je crois qu’ils le ressentent, me parlent et me demandent de parler d’eux. Je ne pourrais pas vivre à la campagne, mais j’aime les gens de la campagne. Quelque chose comme leur bon sens me rassure. 

Votre collection des effigies de Marianne(2) n’est-elle qu’un plaisir solitaire ?

J’ai la tripe républicaine, voilà tout ! C’est ce qui a motivé mon désir de réunir toutes ces représentations de la République. Il n’y a pas de musée de la République dans notre pays ! Christian Poncelet et Jean-Louis Debré m’avaient, à l’époque, soutenu dans cet objectif. J’avais même eu contact avec Jacques Chirac qui pensait faire un espace sous la tour Eiffel dans lequel ma collection aurait pu prendre sa place. Ça aurait pu avoir de l’allure à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française ! C’est quand même la République qui a créé une vraie communauté nationale. Il n’y a que quelques mairies vendéennes dans lesquelles on ne retrouve pas la statue de Marianne… !

Parlez-moi de votre contribution au Petit Rapporteur. Cette émission télé fait partie de la vie de chacun de nous. Elle n’a pourtant duré que 2 années et demi, si on prend en compte l’émission La lorgnette qui lui succéda ?

Le Petit Rapporteur est en effet un phénomène de société. C’était la première fois que la télé pratiquait l’impertinence. Le ton, c’était l’ironie, la causticité, la satire mais jamais la cruauté ni la méchanceté. On s’y moquait des gens (des puissants surtout : le Pape, les généraux, les aristos…). C’était l’esprit de Guignol… Jacques Martin était lyonnais ! Sans Giscard, pas de Petit Rapporteur, c’est ma conviction. En cassant l’ORTF (considéré jusqu’alors comme la voix de la France), il a de fait libéré la parole publique. Des ministres mécontents de telles ou telles séquences sont intervenus, jamais la présidence de la République.

La censure ne se pratiquait que sous la forme de l’autocensure. Pierre Desproges avait une fois piégé le général Bigeard qui ne l’avait pas reconnu. L’intervention de l’épouse de ce dernier a convaincu Jacques Martin de ne pas diffuser cette interview que personne n’a d’ailleurs, à ce jour, retrouvée dans les archives !

Que pensez-vous des émissions actuelles de ce type ?

Je trouve qu’à l’image de la société, l’humour a aujourd’hui évolué vers l’insolence, souvent la grossièreté, le manque de respect ou la recherche de l’humiliation, il est souvent iconoclaste. Le Petit Rapporteur respectait, lui, les institutions. Il ne rendait pas amer. On s’était seulement fait du bien un moment en rigolant. 

Propos recueillis par Pierre Corneloup

(1) Mes Petites France, Pierre Bonte, 2016, éditions Fayard, 20 €.
(2) Exposée, mais non ouverte au public, pour moitié au Sénat et pour l’autre moitié à l’Assemblée nationale.

 

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