Les retraités ne font pas grève et pour cause, sauf la grève de la confiance. Malgré leurs nombreuses manifestations le gouvernement ne les entend pas. Neuf organisations de retraités, soit la quasi-totalité des organisations représentatives des retraités, appellent à la journée d’action ce jeudi dans toutes les régions de France. Ce gouvernement serait-il à ce point sourd et aveugle ? Jeudi nous serons plus encore bruyants et visibles.
Le Président de la République a cru bon, une fois n’est pas coutume d’emprunter à Maurice Thorez dirigeant communiste, une phrase qu’il aurait prononcée en 1936, « Il faut savoir arrêter une grève ». Exploiter une déclaration d’un dirigeant communiste pour intimer aux grévistes de cesser leur mouvement cela paraît habile et on sait que François Hollande se targue de l’être. Mais à trop en faire le risque existe de s’y perdre. C’est ce qui vient de lui arriver. Le Président de la République aurait mieux fait de vérifier ses sources ! La CGT a dû lui administrer un petit cours d’Histoire. Il s’agit en effet d’une citation tronquée que Nicolas Sarkozy avait également utilisée pour appeler à une sortie d’un mouvement de grève dans les transports. La partie manquante change tout : « Il faut savoir arrêter une grève dès que satisfaction a été obtenue. ».
Il y a 80 ans le Front Populaire réalisait sous la pression de millions de grévistes les plus grandes avancées sociales du siècle avec celles de la Libération et du Conseil National de la Résistance.
Le gouvernement de l’époque n’avait pas traité les grévistes de preneurs d’otages, ni de voyous, ni de casseurs. Il n’avait pas non plus tenté d’opposer les usagers aux travailleurs en grève. Le gouvernement Hollande n’a donc aucune légitimité pour se réclamer du Front Populaire, et il n’est pas étonnant que le ministre Macron ait été si mal accueilli à Montreuil, où il venait célébrer le Front Populaire. Véritable provocation de la part d’un ministre dont toute l’action vise à effacer les conquêtes sociales de cette période.
Qu’il y ait des retraités aisés voire nantis, à commencer par ces grands patrons qui s’accordent généreusement des retraites chapeaux mirobolantes, c’est un fait, mais c’est une infime minorité. L’émission de François Lenglet "La guerre des âges" s’est efforcée de nous faire prendre la partie pour le tout, dissimulant les sept millions de retraités qui vivent avec un revenu en dessous du seuil de pauvreté. La majorité vivant chichement au point que certains d’entre eux se voient obligés de rechercher du travail pour boucler leurs fins de mois. La désinformation sur la situation réelle des retraité-e-s dans notre pays a d'ailleurs fait l'objet d'un courrier adréssé au CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) par les neuf organisations sur le traitement des retraités dans les médias et le silence qui a été fait sur leurs manifestations les 17 mars, 3 juin et 24 novembre 2015 et plus récemment le 10 mars 2016.
Et les perspectives qu’on leur laisse entrevoir sont particulièrement sombres, le blocage des pensions va perdurer, la fiscalité va peser chaque année un peu plus.
La stagnation des salaires des actifs et les nombreuses exonérations de cotisations sociales accordées aux employeurs mettent en péril le financement des retraites. La loi Travail s’il elle était mise en œuvre aggraverait la situation. Alors que les 16 millions de retraités constituent un atout social et économique inédit dans la vie de notre pays.
C’est dans leur intérêt mais aussi dans celui des générations qui viennent et dans celui de la France que les retraité-e-s manifestent ce jeudi. C’est tout à leur honneur.
Pascal Santoni
Photo : Allaoua Sayad
La préparation de la journée du 9 dans la presse
VOIR
♦ L'Appel des neuf organisations
♦ La Lettre aux députés
♦ Le parcours de la manif parisienne : Nation (14h30) ⇒ Bercy
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis